Le Suzor-Coté devrait attirer l'attention

La vieille église de Sherbrooke-Est par temps de neige, signée Suzor-Coté, devrait attirer l'attention des collectionneurs lors de la vente en salle du printemps de la Maison Heffel prévue pour le 25 mai prochain.

La vieille église de Sherbrooke-Est par temps de neige devrait attirer l'attention des collectionneurs lors de la vente en salle du printemps de la Maison Heffel prévue pour le 25 mai prochain. Propriété de la paroisse Saint-Jean-Baptiste depuis 75 ans, la toile signée Suzor-Coté n'a jamais été vue du grand public, et cette rareté pourrait ajouter à sa valeur, croit l'évaluatrice et consultante en matière d'oeuvres d'art Anaïs Girardot.


« Suzor-Coté compte parmi les grands maîtres canadiens reconnus et il est assez prisé des collectionneurs. Le fait que l'oeuvre n'ait jamais été vue est un élément supplémentaire qui peut les intéresser », fait valoir Anaïs Girardot, qui a elle-même évalué la scène hivernale saisie par Suzor-Coté en 1913, ou autour de cette date, lors d'une visite à Sherbrooke.

Autant du côté de la Commission des arts visuels de la Ville de Sherbrooke que du Musée des beaux-arts de Sherbrooke, on aurait souhaité conserver à Sherbrooke cette oeuvre rare évaluée entre 100 000 $ et 150 000 $. La Commission n'a cependant ni ce mandat d'acquisition ni le budget.

« Notre axe de développement est de mettre le public en contact avec l'art par l'entremise de l'art contemporain et de l'art public », précise la secrétaire de la commission et agente professionnelle Nathalie Fortin. « Nous n'avions aucun édifice public où nous aurions pu exposer cette oeuvre à la vue du public tout en assurant sa conservation et son intégrité. Ça relevait davantage des institutions privées. »

Mais le MBAS et la Collection de la galerie d'art de l'Université de Sherbrooke ne disposent pas non plus de budget d'acquisition. Les quelque 6000 oeuvres de la collection du MBAS ont toutes été acquises par dons.

« Nous avons conservé la toile dans notre chambre forte pendant quelques mois afin que la fabrique poursuive ses démarches pour trouver un acquéreur et nous aurions bien sûr souhaité l'intégrer à notre collection si un particulier avait voulu l'acheter pour en faire un don, note la conservatrice du MBAS, Sarah Boucher. Mais honnêtement, il n'y a pas eu d'offres concrètes. »

Illustrateur, sculpteur et peintre, Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté a été particulièrement influencé par les impressionnistes, mais a beaucoup diversifié sa peinture en passant du portrait aux paysages et aux sujets historiques. D'autres paysages sherbrookois sont au nombre de ses oeuvres. Il a aussi beaucoup peint Arthabaska, sa région d'origine.

Les arts et la fiscalité

Si un particulier avait acheté la toile de Suzor-Coté pour la somme de 150 000 $ et décidé d'en faire don à un organisme de bienfaisance enregistré, comme la Fondation du Musée des beaux-arts de Sherbrooke, il aurait eu droit à un crédit d'impôt équivalant à 50 pour cent, ramenant ainsi le coût réel de ce don à 75 000 $. À noter que le crédit d'impôt pour don est plafonné à 75 pour cent du revenu net d'un particulier. Donc, dans ce cas précis, le donateur devrait avoir un revenu net supérieur à 200 000 $ pour avoir droit à l'entièreté de cet avantage fiscal.

Si l'achat de cette même oeuvre d'art avait été fait par une compagnie, le coût de cette toile serait passé dans les dépenses et le coût réel de ce don aurait été déduit en fonction du taux d'imposition de cette compagnie. Par exemple, si celle-ci a un taux d'imposition de 19 pour cent, comme c'est le cas pour les compagnies ayant un profit de moins de 500 000 $, le coût réel du don serait de 121 500 $, soit 150 000 $ moins 28 500 $ (150 000 $ x 19 pour cent).