Le marché aux poissons de Tsukiji

J'étais très loin de mon quotidien quand je me suis arrêté pour observer un homme qui, à l'aide d'un énorme crochet, ramassait les têtes de thon ou d'autres gigantesques poissons pour les balancer dans un conteneur.

Parmi les incontournables lors d'une visite à Tokyo se trouve le marché aux poissons de Tsukiji, non seulement le plus grand marché du genre de Tokyo et du Japon, mais aussi de toute la planète. Qu'on aime les produits de la mer ou pas, il y a quelque chose de très impressionnant à déambuler parmi les nombreux commerçants.


Seulement, Tsukiji déménagera pour occuper un espace encore plus grand à Toyosu, en novembre. Quand j'ai pris connaissance de la nouvelle, je me suis aussitôt remémoré mon passage dans ce marché unique.

C'est mon amie Hisai, véritable Tokyoite, qui m'a proposé de me guider dans ce lieu qu'elle connaît bien. Même si les guides de voyage recommandent pour la plupart de s'y pointer vers 3 h 30 du matin, question d'observer les enchères pour le thon, nous avons opté pour une arrivée un brin moins matinale, vers les 8 h.

Il reste que les transactions se font très tôt le matin et que le marché grouille probablement davantage dans les premières heures du jour. Après 8 h, l'action ralentit... Et c'est à partir de 9 h que les touristes peuvent réellement entrer dans le marché.

Hisai, connaissant les airs, propose de déjeuner avant d'entrer directement dans le marché. Elle choisit un restaurant de sushis aux airs soignés. Les possibilités sont nombreuses, mais pour une première expérience de sushis aussi tôt le matin, j'ai opté pour l'offre la plus traditionnelle.

Assis au comptoir, nous avons pu observer le maître découper les poissons frais du jour et les placer de façon très stratégique dans un bol rempli de riz. Pour moi, ce seraient des morceaux de thon, de saumon et de poisson volant. Des tranches d'omelettes, que je me suis empressé d'avaler, étaient tout ce qu'on trouvait pour me rappeler mon repas du matin habituel.

Mon amie, elle, souhaitant me faire découvrir de nouvelles saveurs, a opté pour l'oursin et le caviar de requin. Ça se place bien dans une conversation, du caviar de requin. Pour déjeuner s'il vous plaît.

<p>On estime à plus de 400 le nombre d'espèces de poissons qu'il est possible d'acheter à Tsukiji. </p>

On estime à plus de 400 le nombre d'espèces de poissons qu'il est possible d'acheter à Tsukiji.

(La Tribune, Jonathan Custeau/La Tribune, Jonathan Custeau)

Prudence

Après, en marchant vers les grands hangars du marché, il faut être prudent. Ici, on fait des affaires. Les petits véhicules transportant les caisses de poissons fourmillent dans tous les sens. Pas le temps de louvoyer. Pas le temps pour les manières. Un accident est si vite arrivé. Là, des boîtes de styromousse empilées partout sont prêtes pour l'expédition.

On dit qu'on peut trouver plus de 400 variétés de produits de la mer dans le marché et annuellement, il s'en transige plus de 700 000 tonnes métriques. Rien que ça. Ce sont 2000 tonnes chaque jour.

Étonnamment, peut-être parce que nous sommes arrivés tard, nous n'avons pas croisé beaucoup de touristes dans le marché. Certains commerçants, dont les étals s'étaient considérablement vidés, s'amusaient de me voir parcourir les allées en prenant quelques clichés. À mes yeux à moi, il y avait encore beaucoup d'action. Difficile d'imaginer l'intensité du marché qui grouille certainement encore plus aux petites heures du matin.

Et ils sont sympathiques les Japonais. L'un d'entre eux m'a tendu un beigne, sans rien demander en retour, pour agrémenter ma visite. Avec les carcasses de poissons un peu partout, la scène me paraissait surréaliste. Parce que le marché, c'est le festival de la styromousse et des carcasses de poissons, forcément. Tellement qu'on peine à figurer comment on parviendra à laisser des poissons dans la mer en en extirpant autant chaque jour.

J'étais très loin de mon quotidien quand je me suis arrêté pour observer un homme qui, à l'aide d'un énorme crochet, ramassait les têtes de thon ou d'autres gigantesques poissons pour les balancer dans un conteneur. J'étais fasciné.

Fasciné aussi de constater le nombre d'espèces de poissons offertes, parmi lesquelles je ne saurais me retrouver, et la tâche colossale que représente la vente de tous ces spécimens quotidiennement. Et il ne s'agit là que d'un grand marché japonais...

Si le marché de Toyosu est encore plus grand, comme on s'y attend, les touristes n'ont pas fini d'en avoir plein les yeux.

Suivez mes aventures au www.jonathancusteau.com