Au Club Voyage Orford, Patricia Beaulieu, directrice commerciale et conseillère en voyage, n'a pas senti de crainte de la part de ses clients. « Je pense que les gens qui s'inquiètent ne viennent simplement pas nous voir. En ce moment, c'est le temps pour les vacances dans le Sud et nous en vendons amplement. Je vends même des forfaits pour l'Europe à l'automne. C'est certain qu'après les attentats de Paris, il y a eu une semaine ou deux qui étaient plus tranquilles. »
L'attaque du Splendid Hotel au Burkina Faso n'a pas fait fléchir l'intérêt pour l'Afrique non plus, puisque l'engouement est surtout concentré vers l'Afrique du Sud et la Namibie, selon Mme Beaulieu.
« Les gens qui passent chez nous achètent souvent plus que le billet d'avion. Ils réservent un circuit terrestre. Nos fournisseurs n'enverront pas les voyageurs dans une région en état d'alerte. Si le voyage est annulé, les assurances vont rembourser. »
Patricia Beaulieu admet que les attaques terroristes ont de quoi inquiéter. « Ça me fait de la peine, mais je ne pense pas que c'est une raison pour rester à la maison. Chez nous, les clients qui avaient des projets pour l'Europe les ont encore. »
Au Club aventure voyages de Sherbrooke, la conseillère en voyage Stéphanie Boisvert ne sent pas plus d'inquiétudes qu'avant. Quoique... « Nous avions un groupe qui devait aller en Tunisie à l'automne 2015 pour une retraite santé. Un mois avant, il y a eu les attentats sur la plage. Nous avons annulé. Plus personne ne veut aller en Tunisie ou en Égypte, mais le Maroc fonctionne encore. »
Le circuit en Turquie constitue un des produits prisés au Club aventure voyages. « En ce moment, la demande est nulle pour la Turquie. Il y a aussi des gens qui vont en Asie et qui voyagent avec des compagnies arabes, comme Qatar Airways et Emirates, et qui sont stressés de savoir qu'ils pourraient survoler l'Afghanistan ou l'Irak. »
Mme Boisvert ajoute que la plupart des voyages organisés évitent les zones à problèmes. En ce sens, la demande pour les voyages en Afrique est souvent concentrée pour des safaris.
Si la multiplication des attentats terroristes ne semble pas nuire au chiffre d'affaires, la baisse du dollar canadien, elle, pose de sérieux problèmes. « Les prix de nos forfaits sont souvent fixés plusieurs semaines à l'avance, en dollars canadiens. Toutefois, nos transactions avec nos fournisseurs en Amérique du Sud et en Asie se font en dollars américains. Nous ne modifions pas nos prix, alors nos marges de profit diminuent. Nous n'avons pas eu le choix d'annuler un voyage au Pérou pour sept personnes, parce que ça nous coûtait trop cher de les envoyer. Il y a un an, nous aurions pu réaliser le voyage quand même. »
Dans le cas de groupes organisés, du moins au Club aventure, les clients verront l'impact du taux de change seulement pour leurs dépenses personnelles, indique Mme Boisvert.