Pas de «pilule miracle» pour Éric Lamontagne

Éric Lamontagne est détenu à perpétuité pour le meurtre au deuxième degré de son père en 1998.

Détenu à perpétuité pour le meurtre au deuxième degré de son père en 1998, Éric Lamontagne semble toujours à la recherche de la « pilule miracle » pour soulager ses troubles dépressifs, anxieux et psychotiques.


L'individu de 46 ans était entendu lundi au pénitencier du Centre fédéral de formation à Laval par la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC).

Lamontagne, qui a tué son père Gaétan de 43 coups de couteau dans un chalet de Sainte-Catherine-de-Hatley, souhaite obtenir des permissions de sortie avec escorte pour du perfectionnement personnel.



Selon les évaluations actuarielles, Éric Lamontagne présente toujours un risque modéré de commettre une récidive de crime violent. Un risque qui accroît en communauté.

Les commissaires ont insisté sur les changements de médication fréquents de Lamontagne au cours des dernières années.

L'un d'eux a souligné qu'Éric Lamontagne, qui a un trouble de personnalité limite, a multiplié les psychiatres et les types de médicaments au cours des trois dernières décennies.

« Nous sommes encore dans l'essai et l'erreur. Il n'y a pas de stabilité. On semble encore chercher la pilule qui va vous stabiliser. Ce qui me frappe, c'est que vous avez cherché cette pilule à toutes les périodes de votre vie (...) Vous semblez être quelqu'un qui cherche la pilule miracle qui va faire en sorte que vous allez devenir une personne normale », a fait remarquer l'un des deux commissaires de la CLCC lors de l'audition à laquelle La Tribune assistait, lundi.



Accompagné de son avocate, Éric Lamontagne a répondu avec un certain aplomb aux questions des deux commissaires de la CLCC dans les limites de son intelligence frontière. Corpulent, barbichette poivre et sel, cheveux courts, Lamontagne, vêtu d'un t-shirt blanc et d'un pantalon bleu, a acquiescé lorsque les commissaires ont suspendu l'audience après plus d'une heure.

Ces derniers souhaitent obtenir une mise à jour sur l'état psychiatrique actuel de Lamontagne en fonction de la nouvelle médication qu'il prend depuis le début du mois de novembre dernier.

Depuis qu'il a changé sa médication, Éric Lamontagne ne travaille pas plus que deux période d'une heure et quart par jour au pénitencier.

« Je veux être fonctionnel et suivre le rythme, mais j'ai de la difficulté. Aujourd'hui, je comprends mieux que j'ai un trouble de santé mentale », a indiqué Lamontagne.

La CLCC complétera l'évaluation entreprise, lundi, au début de 2016.

« Je voulais délivrer ma mère »



Éric Lamontagne affirme avoir mieux cerné les éléments à l'origine du meurtre de son père Gaétan Lamontagne en novembre 1998.

« J'ai compris que je voulais délivrer ma mère des souffrances de mon père. Je vivais avec la culpabilité d'avoir abandonné ma mère aux mains de mon père. Je vivais aussi de la colère envers mon père parce qu'il était méchant avec elle et ne la laissait pas tranquille », a mentionné Éric Lamontagne devant la CLCC.

La victime a été attirée au sous-sol du chalet voisin de sa résidence à Sainte-Catherine-de-Hatley par une supposée panne de chauffage à l'endroit dont il avait la charge en l'absence des propriétaires. Son fils l'y attendait, un couteau à la main et y a commis l'irréparable.

Interrogé par les commissaires de la CLCC s'il y avait eu une autre façon de régler son conflit avec son père « au lieu de lui asséner 43 coups de couteau, dont certains dans les yeux et plusieurs au visage », Éric Lamontagne a répondu : « Mon Dieu, oui ».

Au pénitencier à sécurité minimale où il est détenu, Éric Lamontagne fonctionne adéquatement selon son agente de libérations conditionnelles. Il exprime davantage ses émotions et ses sentiments. Il demeure en rémission de son problème de toxicomanie dans cet environnement protégé.

Le crime d'Éric Lamontagne a fait l'objet d'un reportage de la série « Un tueur si proche », l'automne dernier. Ce dernier a confirmé aux commissaires qu'il avait entrepris des démarches légales pour empêcher la diffusion de certains éléments de son histoire notamment par rapport à la réaction de sa mère et des autres détenus.

Éric Lamontagne a été condamné à la prison à vie en 2001 sans possibilité de libération conditionnelle avant 14 ans après avoir été trouvé coupable de meurtre au deuxième degré. La Cour d'appel a ordonné un nouveau procès en 2006 dans son dossier. Un an plus tard, Lamontagne a plaidé coupable à un meurtre au deuxième degré avec possibilité de libération conditionnelle après dix ans. Il a tenté de faire casser le verdict en Cour d'appel puis en Cour suprême, demandes qui lui ont été refusées.

Éric Lamontagne est admissible à une libération conditionnelle complète depuis le 22 novembre 2008.