Les sept merveilles du monde moderne

Chichen Iza, au Mexique, était la dernière des merveilles du monde moderne qu'il me restait à voir.

La pyramide de Khéops est la seule merveille du monde originale qui subsiste. Les jardins de Babylone, le temple d’Artémis, ne survivent que sur papier, mais une nouvelle liste de sept merveilles du monde a été dévoilée en 2007 et il est vrai que les sept sites choisis sont particulièrement époustouflants.


Je m’amuse bien de lire les listes pour m’aider à planifier mes voyages. Il y a les 1000 endroits qu’il faut avoir visités dans sa vie, les 50 plus belles villes du monde, les capitales les plus populeuses, les plus élevées en altitude... Les listes, parfois, c’est parfait pour donner un sens à des ambitions qui tendent à s’éparpiller.

Je me serais probablement donné comme mission de voir ces sept nouvelles merveilles du monde si seulement j'y avais pensé avant. Mais voilà, le mois dernier, je paressais dans mon auberge de Valladolid au Mexique en me promettant de visiter le site de la pyramide maya de Chichen Iza dès le lendemain.

« C'est une des nouvelles merveilles du monde », me lance un des touristes également client de l'auberge. Ah ouais? Quelles sont les autres?

Il me les a fait deviner. C'est là et seulement là que j'ai réalisé qu'après Chichen Iza, je pourrais cocher chacune des sept merveilles de la liste. Il n'y a rien de pire qu'accomplir quelque chose sans le savoir.

Dès mon premier voyage, je me suis attaqué malgré moi à la liste en visitant le Colisée de Rome. D'emblée, c'était un des endroits que je désirais le plus voir. Au milieu d'une ville moderne, le Colisée tient toujours, en souvenir du passé, et il m'a paru surréaliste de me tenir en son coeur en m'imaginant tous ceux qui avaient donné leur vie, offerts en pâture à des lions pour dégourdir une foule. Je me suis un peu ému de voir une telle structure survivre à tellement de gens.

Surréaliste, c'est certainement le sentiment qui revient le plus souvent dans ces sites majestueux remplis d'histoire. Et je réalise que je n'en ai jamais profité assez longuement. Qu'il me faudra sûrement retourner les voir.

<p>La cité de Pétra, en Jordanie, est probablement plus dépaysante que la plupart des autres merveilles du monde moderne. </p>

La cité de Pétra, en Jordanie, est probablement plus dépaysante que la plupart des autres merveilles du monde moderne.

(La Tribune, Jonathan Custeau/La Tribune, Jonathan Custeau)

Dans un autre monde

La Grande Muraille de Chine figurait aussi dans mes rêves depuis que j'étais tout petit garçon. Par une journée de brouillard comme la Chine en connaît trop, je suis monté sur une portion de la structure grâce à un télésiège. J'aurais souhaité y passer des jours entiers, là, au milieu de nulle part, sur ce mur immense et complètement incroyable. Redescendre sur un toboggan, bien qu'amusant, a un peu brisé la magie de ce site historique.

Quelques semaines plus tard, j'arrivais à Pétra, sous le chaud soleil de la Jordanie. Là, je me sentais dans un autre monde. Les maisons et les temples à flanc de montagne, les lieux de culte au sommet d'un labyrinthe d'escaliers éreintants : ma tête ne parvenait pas à comprendre qu'on ait pu y vivre. Imaginer les civilisations d'antan vaquer à leurs occupations quotidiennes, là, me donnait le tournis. Oui, avec le sable et les chameaux, on se sent un peu comme dans Indiana Jones.

Je n'ai pas été soufflé de la même manière quand j'ai grimpé, en autobus, le Corcovado, au Brésil, pour voir la statue du Christ Rédempteur. Bien que symbolique, cette construction de l'homme est certainement la moins impressionnante des sept nouvelles merveilles. La vue du haut de la montagne, elle, scie les jambes.

Une année bien comptée plus tard, je me suis offert une randonnée de 45 km en quatre jours dans les montagnes du Pérou, sur le chemin des Incas. Tout au bout, le Machu Picchu se tenait, splendide et majestueux. La vue de la porte du Soleil, à une heure de marche des ruines, constitue la plus grosse récompense de la randonnée. J'avoue avoir été trop fatigué pour bien me laisser imprégner de l'histoire du site. Sa localisation, par contre, me laisse des souvenirs impérissables.

Très jeune, je parlais également du Taj Mahal, ce mausolée indien d'un blanc pur. Les photos me faisaient rêver. Je m'y suis rendu, dans la ville d'Agra, dans une foule bien dense et compacte. Ma tête n'arrivait pas à croire qu'il était bien devant moi et que je pourrais même y entrer. L'intérieur est plutôt sobre et tous les visiteurs se bousculent pour profiter, pendant quelques secondes, d'une vue moins obstruée sur les sépultures. Encore une fois, je me dis que j'aurais dû m'y attarder davantage.

Et enfin, enfin, Chichen Iza s'est révélée le mois dernier dans toute son immensité. La pyramide se tient encore bien droite et tout le site surprend par son acoustique particulière. On tape des mains à des endroits bien précis et l'écho nous répond immédiatement. Comment les Mayas ont-ils réussi un tour de force de la sorte? Je m'interroge toujours.

La liste complétée, il me reste encore à me rendre en Égypte pour voir la merveille originale.

Certains contesteront la nouvelle liste, rédigée à la suite d'un vote populaire. Parmi les autres sites finalistes se trouvaient des endroits où mon goût de la découverte m'a mené, dont les temples d'Angkor, au Cambodge, l'Alhambra de Grenade en Espagne, la Tour Eiffel, en France, la basilique Sainte-Sophie d'Istanbul, les temples de Kiyomizu-dera de Kyoto ou le château de Neuschwanstein en Allemagne.

Mais il reste bien d'autres merveilles à explorer, comme le Kremlin à Moscou, et Stonehenge, au Royaume-Uni, ou l'île de Pâques. Et malgré la beauté de tous ces lieux, on oublie un peu trop les merveilles naturelles qui valent elles aussi un grand détour.

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