Réfugié et entrepreneur

Carlos Fernandez a fondé il y a un an F & M Service d'entretien. L'homme, qui a toujours un statut de réfugié politique au Canada, encourage tous les immigrants à s'intégrer au marché du travail et à ne pas se laisser freiner par leurs différences. Les Québécois savent reconnaître les gens qui ont le coeur à l'ouvrage, souligne-t-il.

Carlos Fernandez était un homme d'affaires accompli en Colombie lorsqu'il a été contraint de fuir son pays pour des raisons de sécurité. Cinq ans et demi et plusieurs emplois plus tard, le père de famille est de nouveau à la tête d'une entreprise, et ce, même s'il est toujours considéré comme un réfugié politique au Canada.


Au moment où l'intégration des réfugiés est au coeur du débat social, Carlos Fernandez se pose en exemple de bonne volonté. Propriétaire de trois entreprises en Colombie avant de fuir sa terre natale, M. Fernandez a accepté une série d'emplois moins bien rémunérés avant de se lancer en affaires à nouveau, sans aucune certitude concernant son avenir et celui de sa famille.

« C'était difficile, j'avais trois compagnies dans mon pays et je me retrouvais à travailler physiquement avec un emploi dans l'entretien ménager. Ensuite, j'ai travaillé comme livreur, mais c'était difficile parce que je recevais les appels téléphoniques et je ne parle pas très bien français. Cette expérience a enrichi ma vie, elle m'a permis de pratiquer ma nouvelle langue », raconte l'homme qui se fait une fierté de n'avoir réclamé l'aide sociale que durant un mois.



« Je n'aime pas l'aide sociale, je dois travailler tout le temps », souligne-t-il.

Culture d'affaires différente

Encouragé à démarrer son entreprise par son employeur de l'époque qui voyait tout son potentiel, M. Fernandez s'est d'abord fait indiquer par Revenu Québec qu'il ne pouvait se lancer en affaires en raison de son statut de réfugié. Après une persévérance administrative admirable, il a obtenu un avis notarié lui indiquant qu'il avait le droit, dans la mesure où l'ensemble de ses activités commerciales demeurait à l'intérieur du Québec.

« Ici, ce n'est pas facile lancer une compagnie, mais c'est plus facile que dans d'autres pays, il suffit de vouloir travailler, note-t-il. Certains vont dire qu'il n'y pas d'opportunités, pas de travail, que Sherbrooke est trop petit, mais j'ai compris que ce n'est pas vrai. Il faut comprendre la culture du Québec, car si tu ne la connais pas, c'est vrai que c'est difficile. »



Malgré les premières embûches, M. Fernandez est parvenu à lancer sa compagnie F & M Service d'entretien. Chaque jour, il s'émerveille des écarts qui existent entre ce à quoi il s'attendait et la réalité de l'entrepreneuriat à Sherbrooke.

« Je viens d'une culture complètement différente. Ici, les personnes qui dirigent les compagnies sont ouvertes à discuter avec moi, à écouter ce que j'ai à offrir comme services. En Colombie, pour parler avec les administrateurs des compagnies, c'est presque impossible », explique-t-il.

Invitation aux immigrants

L'homme sait que tous n'ont pas les capacités pour administrer une entreprise, mais avise les nouveaux arrivants qu'il est possible de trouver un travail malgré les nombreux défis auxquels ils doivent faire face. Les Québécois, dit-il, démontrent beaucoup d'ouverture.

« Les gens ici aiment quand les personnes immigrantes font les efforts pour développer l'économie du Canada. Les propriétaires de mon édifice m'ont donné le contrat de l'entretien de tous les bâtiments parce qu'ils ont vu que je travaillais bien et que j'étais prêt à faire les efforts, souligne-t-il. Les immigrants qui arrivent peuvent aussi penser qu'ils seront sujets à une discrimination. J'avais cette crainte lorsque j'ai fait mes premiers appels, je me disais que lorsque la personne au bout du fil entendrait mon accent, elle raccrocherait, mais ça ne m'est jamais arrivé, ce n'est pas comme ça du tout. »