Le syndicat dénonce un geste «totalement improvisé»

Une centaine d'employés ont manifesté devant les bureaux de la direction du CIUSSS de l'Estrie-CHUS, jeudi, pour dénoncer l'abolition de 300 postes équivalents temps complet au sein de l'établissement.

Se disant « consternés » et « outrés », une centaine d'employés affiliés à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS)-CSN ont manifesté devant l'édifice où siège la direction du CIUSSS de l'Estrie-CHUS, jeudi, pour dénoncer l'abolition de 300 postes équivalents temps complet (ETC) annoncée par cette dernière en novembre, un geste qu'ils qualifient « d'improvisé ».


« On nous dit que c'est le dernier recours, mais on ne sait pas ce qu'elle (la direction) a fait comme exercice jusqu'à présent pour y arriver et on se demande s'il n'y a pas d'autres options, explique la vice-présidente régionale de la FSSS-CSN, Mélissa Gaouette. Même si les 300 équivalents temps complet coupés sont des gens qui ne seront pas remplacés, ça affecte les gens qui sont sur les listes de rappel et qui ne pourront plus travailler. Nous sommes outrés et consternés. »

Rappelons que le centre hospitalier doit notamment réduire son pourcentage de frais administratifs de 7,1 pour cent du budget en 2013-2014 à 5,5 pour cent, selon les orientations déterminées par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).



Les cibles d'optimisation financières avaient été annoncées par le MSSS en juillet dernier. Le CIUSSS de l'Estrie-CHUS doit sabrer 35 M$ dans son budget qui s'élève à 1,1 milliard $ dans le cadre du plan d'optimisation du MSSS.

Pour atteindre cette cible, l'approche préconisée est d'utiliser tous les leviers d'attrition de la main-d'oeuvre, comme le non-remplacement des départs ou des congés de toutes sortes, comme la maternité, le traitement différé, la maladie.

Un impact sur tout le réseau

Chez les employés, on déplore qu'aucune étude n'ait été faite au préalable pour mesurer l'impact d'une telle coupe sur les services à la population, d'autant plus qu'elle s'ajoute à une coupure de 10 % des effectifs de bureau entrée en vigueur en 2010.



« Ça nous apparaît totalement improvisé, parce que c'est dicté par les commandes du ministre de la Santé Gaétan Barrette, qui visent des réductions financières que les dirigeants n'ont pas le choix d'atteindre, peu importe les conséquences », signale de son côté la présidente du syndicat des salariés du CSSS-IUGS représentant le personnel de bureau, les techniciens et professionnels d'administration, Vicky Ouellet.

« Ça ajoute une surcharge de travail considérable sur le dos des travailleurs et travailleuses, crée une diminution de leur qualité de vie et une dégradation du climat de travail qui vont amener une pression additionnelle sur tout le monde », ajoute-t-elle.

« En fin de compte, le travail accompli par ces gens-là, personne ne pourra l'assumer, mentionne Mme Gaouette. Ça va causer une réaction en chaîne et il va y avoir une surcharge où d'autres types d'emplois vont devoir pallier aux problématiques engendrées. C'est clair que ça a une incidence économique pour les pertes d'emplois, mais aussi au niveau des services fournis. Ça va avoir un impact sur tout le réseau. »

« En plus, ce n'est qu'une première vague de compressions, parce qu'on nous dit qu'on va réorganiser le volet clinique par la suite... »

Si la FSSS-CSN soutient qu'elle n'a pas eu le temps de se pencher sur une liste exhaustive de solutions alternatives aux suppressions de poste, elle croit que certaines dépenses pourraient certainement être évitées dans le contexte actuel pour préserver des emplois.

« On doit fonctionner avec un agenda très restreint et très peu d'informations, donc c'est difficile de négocier dans ces conditions. On croit que l'analyse a été faite très rapidement de leur côté et on se demande si des contrats n'ont pas été octroyés pour des éléments qui sont moins essentiels, comme des contrats de formation pour des gestionnaires, par exemple. Il y a plusieurs dépenses qu'on peut certainement remettre en question dans le contexte actuel. »



Une rencontre à ce sujet entre les deux parties aura lieu les 8 et 9 décembre, mais elle pourrait être écourtée en raison d'une grève prévue le 9 par le front commun.

10 autres jours de grève ?

Si la tendance se maintient, tout porte à croire que la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN ajoutera dix autres journées à sa réserve de jours de grève.

Réunis à La Malbaie lundi, les 600 délégués syndicaux ont décidé de se donner les moyens d'augmenter la pression sur le gouvernement provincial en recommandant à leurs membres d'adopter une banque de dix journées de grève à être tenues au moment jugé opportun, des journées de débrayage qui s'ajouteraient aux six déjà votées.

En assemblée générale mardi, le Centre de réadaptation de l'Estrie a entériné favorablement la demande de la FSSS-CSN à 88 %, « un pourcentage encore plus élevé que lors du premier vote », soutient sa vice-présidente régionale, Mélissa Gaouette.

Les différents établissements de la région tiendront leur assemblée respective au cours des trois prochaines semaines, mais le résultat ne semble pas faire de doute à l'en croire Mme Gaouette. La FSSS représente environ 110 000 membres dans le secteur public de la santé et des services sociaux, dont 5500 en Estrie seulement.

« Nous sommes heureux du recul du gouvernement sur certains points, mais au niveau des salaires et des régimes de retraite il n'y a rien de concret pour le moment. On essaie d'avancer sur nos demandes pour favoriser la rétention du personnel et lutter contre la privatisation du réseau de la santé », résume la vice-présidente régionale de la FSSS-CSN.