Chronique|

Jouer les touristes à Montréal

Le marché Atwater constitue un arrêt intéressant pour les touristes qui visitent Montréal.

Moment confession! Je l’avoue, mes connaissances de Montréal sont limitées. J’ai beau m’y rendre plusieurs fois par année, je ne sais jamais quoi répondre aux amis étrangers qui me demandent comment occuper leur temps dans la métropole. Ils repartent pour la plupart enchantés et c’est moi qui finis par leur demander ce qu’ils ont visité.


J’ai beau avoir arpenté les pays par dizaines, je suis démuni quand vient le temps d’explorer Montréal. Oui, mais les festivals, vous me direz. Oui, mais le Vieux-Port. Oui, mais la Place des Arts, le Théâtre Saint-Denis, le stade Olympique. Oui, mais...

Ainsi ai-je saisi l'occasion que présentait l'événement MTL à TABLE pour devenir moi-même un touriste, un vrai, qui se laisse guider et qui pose plein de questions. MTL à table vise d'abord à faire découvrir des restaurants à la clientèle montréalaise et aux gens de banlieue, mais l'événement cadrait bien dans mes visées. Non seulement je me suis éloigné du secteur Saint-Denis-De Maisonneuve, mais j'ai découvert des endroits où j'irai certainement me promener de nouveau.

Bien sûr, il y a les marchés. «Bien sûr», c'est supposer que tout le monde les connaît. Pourtant, je ne m'y étais jamais attardé. En discutant avec mon entourage, j'ai découvert que je n'étais pas le seul. Et quand on a un guide comme Ronald Poiré, une encyclopédie de la gastronomie à Montréal, on voit tout d'un oeil différent.

Le fameux marché Jean-Talon, le plus grand au Canada et aux États-Unis, est reconnu pour ses fruits et légumes. Ses quelque 325 producteurs rejoignent des clients de tous les horizons et fournissent même certains grands restaurateurs.

Le marché Jean-Talon, pour ceux qui ne fréquentent pas la scène montréalaise, c'est Des kiwis et des hommes. J'ignorais qu'avant d'être un marché, l'emplacement servait de terrain de crosse. J'ignorais qu'on y trouve une librairie gourmande qui recèle de trésors de livres de recettes. J'avais entendu le nom du Marché des saveurs du Québec, mais j'ignorais qu'on y trouvait plus de 10 000 produits du terroir et que 99% des fromages qui y sont vendus sont québécois.

J'ai profité du secteur pour admirer l'église Notre-Dame-de-la-Défense, à deux rues du marché. Il était impossible d'y entrer, mais ceux qui auront cette chance verront sur la fresque au plafond un portrait de Mussolini à cheval à côté du pape. Fou comme on ignore ce qui se trouve dans notre propre cour arrière.

Je me suis aussi attardé au marché Atwater, aussi connu comme étant le marché à viande. Les foodies, mais aussi les amateurs de bons produits, pourront y trouver du vinaigre balsamique de 100 ans ou une fromagerie qui tient plus de 700 fromages différents.

Je me suis aussi promené dans le Mile-End grâce à un tour culinaire. Levez la main ceux qui, honnêtement, n'ont aucune idée d'où se trouve le Mile-End... C'est ça! Il s'agit d'un petit secteur, le nouveau Plateau, selon mon guide, situé grossièrement entre l'avenue du Parc et le boulevard Saint-Laurent.

<p>Montréal est reconnue comme la ville comptant le plus de restaurants per capita en Amérique du Nord et certains d'entre eux nous offrent un coup d'oeil dans leur cuisine.</p>

Montréal est reconnue comme la ville comptant le plus de restaurants per capita en Amérique du Nord et certains d'entre eux nous offrent un coup d'oeil dans leur cuisine.

(La Tribune, Jonathan Custeau/La Tribune, Jonathan Custeau)

Il s'agit d'un refuge de hipsters, de jeunes professionnels, où s'est établi Ubisoft, où les restaurants se multiplient. C'est un secteur typique de maisons d'ouvriers où il ne faut surtout pas juger un restaurant à l'allure de sa façade.

Parmi les institutions figurent le Fairmount Bagel, où les bagels sont préparés à la main, bouillis et cuits au four à bois, et Wilensky, qui vend des sandwichs au baloney et où a été tourné le film The Apprenticeship of Duddy Kravitz mettant en vedette Richard Dreyfuss.

Dans le Mile-End, comme dans plusieurs des restaurants participant à MTL à TABLE, les chefs, qui sont parfois propriétaires, prennent le temps de nous expliquer le menu. Ce n'est pas forcé, pas pour impressionner la galerie non plus. C'est parce que des restos sympathiques, cachés à l'extérieur du sempiternel secteur commercial, il y en a des tonnes. Oui, Montréal est la ville avec le plus de restaurants per capita en Amérique du Nord.

J'ai constaté que le concept des cuisines ouvertes, qui font de plus en plus leur apparition en région, est bien établi à Montréal. À La Récolte, espace local, par exemple, tout se passe à aire ouverte. Deux des propriétaires se tiennent derrière le comptoir, font le service et répondent aux questions. Leur dada: cuisiner avec les produits bios de saison.

Même concept chez Evoo, réputé pour ses brunchs. À côté de moi au bar, une habituée qui s'y rend au moins une fois par semaine. C'est sacré. À travers la fenêtre percée entre la salle à manger et la cuisine, j'écornifle pour voir la préparation des gaufres, des poêlées d'oeufs au four, et la cuisinière me salue au passage.

C'est sans compter Les Cons Servent, avec leurs pots de pacanes salées, qui comptent sur une clientèle tellement fidèle qu'elle se promet de manifester si les classiques sont retirés du menu.

C'est ce Montréal-là que je ne vois jamais quand je passe en vitesse et qui me donne envie de m'attarder un peu plus autour de chez moi. Pour ceux que ça intéresse, MTL à TABLE prend fin dimanche.

Suivez mes aventures au jonathancusteau.com

Notre journaliste a été invité par Tourisme Montréal.