Des jeunes rêvent de vivre un autre référendum

Ils sont dans la jeune vingtaine, n'étaient pas conscients de l'effervescence référendaire en 1995 et pourtant, cela ne les empêche pas aujourd'hui d'être les fiers porte-étendards d'une cause qu'ils épousent avec la même ferveur que leurs prédécesseurs.


Jean-Simon Campbell s'est engagé dans la cause souverainiste lors de l'élection provinciale de 2014, sous la bannière d'Option nationale dans Sherbrooke. Le jeune homme de 23 ans n'a aucun souvenir du référendum de 1995, ce qui ne l'empêche pas de croire en la nécessité pour le Québec de devenir indépendant.

« Ceux qui n'ont pas vécu le référendum s'intéressent à ce qui s'est passé en discutant avec les militants de l'époque, on tente de comprendre comment est née cette poussée souverainiste et de vivre à travers eux les événements », explique-t-il.



C'est en développant ses passions pour la politique et l'histoire du Québec que M. Campbell en est arrivé à la conviction que l'indépendance du Québec serait profitable, une situation semblable à celle de Jasmin Roy-Rouleau, 25 ans, qui était impliqué dans la dernière campagne fédérale de la bloquiste Caroline Bouchard et est l'organisateur de la Semaine de la souveraineté à l'Université de Sherbrooke. « Je viens d'un milieu modeste et mes parents étaient des partisans du Oui, indique-t-il. Quand je regarde l'histoire du Québec et du fédéralisme canadien, c'est suffisant pour me convaincre que mes parents avaient fait le bon choix en 1995. »

Pour lui, l'indépendance n'est pas seulement un combat, c'est un projet.

« On n'a plus personne qui propose d'idéal collectif. Les partis ne font que de la gouvernance : des hausses de taxes et des baisses d'impôts. J'aurais aimé vivre l'époque des référendums parce qu'il y avait des débats politiques au Québec », mentionne-t-il.

Une cause en mouvance



La souveraineté du Québec a déjà été identifiée comme le combat d'une génération, mais MM. Campbell et Roy-Rouleau ne perçoivent pas la chose du même oeil. Ils conviennent néanmoins que l'argumentaire n'est plus le même en 2015.

« En 1995, c'était un projet collectif. Aujourd'hui, on parle plutôt de ce que l'individu a à gagner dans la souveraineté », note M. Roy-Rouleau.

« On évoquait surtout à l'époque l'occasion pour le Québec de s'occuper de ses propres affaires. C'est encore le cas, mais l'argumentaire multiethnique, pour un "nous" plus inclusif, et celui de la place du Québec à l'international a pris de l'ampleur, souligne pour sa part M. Campbell. J'ai l'impression que ce sont surtout les jeunes qui portent ce nouveau message. »

Malgré les récentes difficultés du mouvement, ils ne baissent pas les bras et continuent de croire que la question est toujours d'actualité.

« Quand on voit le Parti libéral tenter de faire des gains politiques sur la peur d'un référendum, ça montre à quel point la souveraineté sonne encore une cloche dans la population », affirme M. Campbell, qui perçoit un renouveau encourageant au sein même du mouvement. « On voit s'orchestrer une sorte de passation des pouvoirs alors que les jeunes ont de plus en plus leur place. La course à la chefferie du Parti québécois est un bel exemple avec la présence d'Alexandre Cloutier. On sent que la vieille formule est épuisée. »

« Le gouvernement fédéral préfère le statu quo constitutionnel pour une raison. Il a peur que ça soulève les passions du référendum à nouveau, indique quant à lui M. Roy-Rouleau. C'est sûr qu'il y a toujours une inquiétude que ça n'arrive jamais, mais il y a une finalité dans tout et je crois que tôt ou tard, le Québec sera souverain. J'espère que je serai là pour le voir. »