Pendant qu'à Sherbrooke on discute de la municipalisation possible de l'Orford Express, qui ne roulera pas pour un deuxième été consécutif à la suite de l'incendie d'avril 2014, le train à vapeur de la Gatineau, arrêté depuis 2011, vise désormais un retour en 2017, le Train touristique de Charlevoix cède sa place pour la saison à une navette ferroviaire, tandis que le petit dernier, L'Amiral, né en 2013, se croise les doigts pour être de retour sur les rails à temps pour les croisiéristes qui s'arrêteront en Gaspésie à l'automne.
En Outaouais, c'est toute une région qui se démène depuis quatre ans pour relancer le « p'tit train », comme la population l'a affectueusement surnommé, lui qui a promené les touristes pendant 18 ans sur le tracé Hull-Chelsea-Wakefield.
« On n'a pas eu le choix d'arrêter à cause de l'état de la voie ferrée. C'était une question de sécurité, met en perspective la présidente de la Compagnie de chemin de fer de l'Outaouais (CCFO) Louise Boudrias. Son arrêt a fait beaucoup de tort à l'industrie touristique régionale. »
Quand on a annoncé que le train à vapeur ne roulerait pas en 2011, c'est 60 % des touristes qui ont annulé leur séjour, rappelle la dame, une conseillère municipale de Gatineau qui a également été présidente de Tourisme Outaouais de 2008 à 2013.
Le milieu s'est pourtant vite serré les coudes pour relancer le train à vapeur, qui générait des retombées économiques annuelles de 7 à 8 millions $ avec ses 50 000 visiteurs, mais les obstacles sont nombreux.
La CCFO, une compagnie à but non lucratif qui était déjà propriétaire de la voie ferrée, a d'abord rallié les municipalités, le gouvernement du Québec et Tourisme Outaouais pour acquérir le train à vapeur au coût de 500 000 $, à la fin de 2011, quand le propriétaire à voulu s'en départir à la suite des pluies diluviennes qui ont lessivé pour de bon cette fois la voie ferrée à Chelsea.
« Des gens de Sept-Îles voulaient acheter le train. On a préparé le montage financier en trois semaines. La région voulait absolument préserver cette icône touristique », explique Mme Boudrias, qui y voit clairement un parallèle avec le débat qui anime Sherbrooke et l'Orford Express.
Pendant quelques années, l'Outaouais a cru qu'en réparant la voie ferrée et en stabilisant les sols, à des coûts évalués entre 5 et 50 millions $, le train à vapeur pourrait rouler comme avant. On n'y croit plus, d'autant que le gouvernement du Québec ne semble pas enclin à investir dans ces rails.
Quatre ans plus tard, la région a développé trois projets de moindre distance et doit maintenant choisir où la locomotive 909 fera à nouveau entendre son sifflet.
Première option, Wakefield-La Pêche, une courte ballade de 90 minutes (4,5 km) pour apprécier le spectacle du train à vapeur et sa présence plusieurs fois par jour dans le village de Wakefield.
Deuxième option, un train urbain à Gatineau, entre la gare Montcalm et le parc du lac-Beauchamp, pour des sorties de 3 heures (29,4 km) où la ville, le moyen de transport et l'ambiance de belle époque seraient mis de l'avant.
Troisième option, un train Gatineau-Montebello, une sorties de 7 heures (84 km) qui mise davantage sur le patrimoine ferroviaire et industriel et sur la beauté du secteur.
« Les trois projets sur la table sont hyperintéressants, dit Mme Boudrias. Nous allons choisir le meilleur et c'est celui qui aura le plus d'impacts significatifs pour l'industrie touristique. » Un comme l'autre viendra avec une facture de réfection et d'immobilisations estimée entre 5,2 et 8,65 millions $.
Confiante, la présidente de la CCFO espère que le train à vapeur sifflera à nouveau en 2017, à temps pour les festivités du 150e anniversaire du Canada qui s'annoncent courues dans cette région voisine d'Ottawa.