Chronique|

Las Vegas en solo?

Sur papier, Las Vegas est une destination qu'il faut voir une fois dans sa vie, mais il vaut mieux ne pas s'y rendre seul.

Partir tout seul? Pas de problème! L'horaire est forcément plus flexible, les décisions prises sur un coup de tête n'entraînent pas de longs débats et souvent, les rencontres avec les autres voyageurs sont plus faciles. Mais si le voyage avait été planifié pour deux au départ, ça change la donne.


Si l'exploration en solo permet d'expérimenter de façon différente, certains endroits sont plus faciles à apprécier en groupe. C'est le cas de Las Vegas, ville du vice, du jeu et du bling-bling. On vous dira peut-être qu'on dort peu, ou pas du tout, dans cette oasis artificielle du désert du Nevada. En solo, on en fait pourtant le tour très rapidement.

Il faut l'avouer, la strip, cette rue principale bordée de casinos, d'enseignes lumineuses et de chapelles étranges, attise la curiosité. Le Cirque du Soleil, Céline Dion et autres artistes de renom y élisent domicile pour présenter des spectacles plus grands que nature. Sur papier, tout indique qu'il faut s'y rendre au moins une fois dans sa vie.

Vrai. Mais entraînez quelques-uns de vos meilleurs amis dans le même souffle, sans quoi le temps pourrait être long.

J'avais prévu une virée dans les casinos avec une amie qui terminait une longue exploration autour du monde. Las Vegas serait notre point de rencontre. Avec une voiture louée, nous avions aussi l'intention de parcourir la Californie et l'Arizona. Mais voilà, une blessure l'a forcée à tout annuler.

J'ai donc déménagé mes pénates d'un hôtel à rabais de Las Vegas vers une auberge de jeunesse tout au bout du Las Vegas Boulevard. Qu'on y ait tourné le film The Hangover ne me rassurait pas et j'étais bien heureux de ne pas avoir des standards de qualité trop élevés.

Sa clientèle se déclinait en deux catégories, soit des Américains un peu paumés, un peu avancés en âge, qui rêvent d'une carrière dans la capitale du jeu, soit des groupes de jeunes adultes qui tentent de battre le record du nombre de jours consécutifs qu'on peut passer sans dormir.

Les premiers s'assoient chaque matin autour de la table commune avec les annonces classées du journal local sans réaliser qu'ils ont plus de chances d'être embauchés dans la station-service du coin que dans un grand casino. Les seconds en sont à leur troisième mariage simulé dans une chapelle de Vegas et se sont déjà dit oui devant Elvis et dans un service au volant.

Certains amateurs de fiesta y verront l'occasion rêvée de perdre la tête sans que personne ne leur reproche. Ce qui arrive à Vegas reste à Vegas.

Pour les autres, les acrobaties du Cirque du Soleil pourront sauver un soir ou deux. Une fois qu'on aura soupiré devant la fausse pyramide et la fausse tour Eiffel, qu'on aura vu le spectacle de la fontaine du Bellagio, on aura rapidement fait le tour du jardin.

Pour fuir les artifices, on peut tout de même s'amuser à quelques minutes de voiture des jeux de roulette et de poker. Ma plus belle découverte demeure le Red Rock Canyon, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de la ville.

Son petit centre d'interprétation n'est pas nécessairement impressionnant, mais sa route à sens unique, d'une vingtaine de kilomètres, offre des vues particulières sur les formations rocheuses de cette partie du désert des Mojaves.

On est encore loin du Grand Canyon, mais les aventuriers préparés pourront s'offrir plusieurs randonnées sur la quinzaine de sentiers qui sillonnent ce parc national.

Et en s'éloignant encore un peu plus, à l'est cette fois, on apercevra le barrage Hoover, construit à la frontière du Nevada et de l'Arizona.

Quand un voyage à plusieurs devient une expédition en solitaire, on découvre forcément des endroits qui seraient autrement passés inaperçus.

Suivez mes aventures au www.jonathancusteau.com