L'ogre Shrek chez les médecins

Une soixantaine d'artistes, majoritairement de futurs médecins, infirmières, physiothérapeutes, ergothérapeutes, travaillent depuis septembre à recréer pour la scène l'histoire de l'ogre Shrek. Pour cette production, le rôle de Fiona (jeune et adulte) est confié à Camelia Zaki et Annie Brasseur.

Le jour, ils apprennent à débloquer des artères, à poser des cathéters et à diagnostiquer des carences en fer. Le soir, ils font tomber leur sarrau et se déguisent en créatures fantastiques qui barbotent dans le marais d'un ogre au teint trop vert et à l'indice de masse corporelle trop élevé pour être en santé.


Pour une quatrième année, les étudiants de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke sortent le nez de leurs manuels et la tête de l'hôpital pour monter une comédie musicale grand public. Après avoir été aux petits soins avec Le fantôme de l'opéra, Hairspray et Moulin rouge, la Troupe Broadway FMSS fait goûter sa médecine à Shrek.

La soixantaine d'artistes - composée majoritairement de futurs médecins, infirmières, physiothérapeutes, ergothérapeutes, mais pas exclusivement - travaillent depuis septembre à recréer pour la scène l'histoire du géant pas trop effrayant. La metteuse en scène Paskale Raymond a elle-même traduit le texte de la comédie musicale originale créée à Broadway en 2008 et inspirée par le premier film d'animation de la trilogie des studios Dreamworks.



« Cette histoire est de ma génération. J'étais au primaire quand le film est sorti, mentionne Geneviève Brassard, productrice de la pièce et externe en médecine. Nous avons surtout choisi cette oeuvre parce que les adultes autant que les enfants en connaissent l'histoire et parce qu'elle offre des rôles intéressants à tout le monde. »

Sympathique comme un ogre

Après une ronde d'auditions, Francis Caron a hérité du rôle-titre, celui de ce colosse un peu empoté qui doit sauver la princesse Fiona s'il veut récupérer son marécage. « Francis ressemble à Shrek sur certains aspects. Les bons aspects, je veux dire... Il est un peu réservé, mais quand on le connaît, il est incroyablement sympathique. »

Une centaine de costumes ont été cousus pour les 22 chanteurs et comédiens (dirigés par Véronique Rioux) et les 18 danseurs (dans des chorégraphies de Marie-Laure Desroches). Sous la direction musicale de Martin Ducharme, un stage band de quinze musiciens accompagnera tout ce beau monde sur la scène pour interpréter les nombreuses partitions du livret.



« Sur deux heures et quart de spectacle, il y a 75 minutes de musique. Les gens reconnaîtront certaines chansons du film, mais il y a plusieurs autres pièces originales », dit la productrice de la troupe, qui s'est vu remettre l'automne dernier un prix au gala national Forces Avenir, qui récompense l'engagement bénévole dans les institutions postsecondaires de la province. Constituée en organisme sans but lucratif, la troupe remettra cette année ses profits au Fonds Brigitte-Perreault, de la Fondation du CHUS, qui prône l'humanisation des soins.

Miracle artistique

Tout bien considéré, ces étudiants ne réalisent donc pas des miracles que dans les salles d'opération. Ils en réalisent un gros en réussissant à monter une production annuelle malgré leurs horaires chargés.

« Oui, nous poursuivons des études exigeantes. Personnellement, je passe 50 à 60 heures par semaine à l'hôpital. Mais comme les autres, je trouve mon équilibre de vie dans ce projet. Je me change les idées, je me réalise dans autre chose, soutient la finissante au doctorat en médecine. Ça nous permet également de côtoyer les gens des autres branches médicales, avec qui nous ne serions pas en contact autrement. Nous tissons des liens, nous saisissons mieux le travail de chacun. Au final, c'est une plus-value pour notre carrière. »

Mais non, Shrek ne finira pas la pièce avec un teint de lait et une taille de guêpe. La médecine a ses limites... Surtout dans la fiction.



Shrek : la comédie musicale

Troupe Broadway FMSS

Ce soir, demain et samedi,

20 h

Représentation familiale : samedi, 14 h

Théâtre Centennial,

Sherbrooke

Billets : 20 $

(18 ans et moins : 15 $)