La faune, sauvage ou pas, joue souvent un rôle intéressant quand on découvre un nouveau pays. À certains endroits, les chiens et les chats abandonnés sont légion. Ils font les beaux yeux pour quelques morceaux de nourriture ou deviendront agressifs quand on tentera de les approcher. À vouloir les toucher ou les prendre en photo, on oublie qu'on interagit avec des bêtes qui ne sont ni domestiquées ni très dociles.
En Australie, par exemple, les petits pingouins sortent de l'eau à la tombée du jour pour rejoindre leur nid. On peut en observer quelques-uns près de la plage de Sainte-Kilda, à Melbourne, ou dans un amphithéâtre prévu à cette fin sur Phillip Island.
On aura beau multiplier les panneaux prévenant les touristes de ne pas utiliser le flash pour des photographies - les pingouins y réagissent très mal -, il s'en trouvera toujours qui se diront que pour eux, c'est permis. D'autres tenteront carrément d'en rapporter chez eux.
La situation est presque la même pour les koalas, pour qui une législation a été adoptée : interdit de les toucher. Près de Cape Otway, ils dorment paisiblement dans les arbres le long de la route. Plusieurs sont tentés de grimper pour ramener un souvenir qui ne passera pas inaperçu.
Au Vietnam, Monkey Island porte bien son nom. Pendant que les villégiateurs se prélassent au soleil et se laissent tenter par la baignade, de petits singes font irruption sur la plage. Sans tarder, la foule se masse autour des animaux pour croquer la scène à l'aide de leur appareil photo. Certains font miroiter un peu de nourriture aux primates qui s'affolent, apeurés. Leur réaction est forcément imprévisible.
Dans le même sens, j'ai refusé d'encourager un « amuseur public », sur la place Djemaa el-Fna à Marrakech, qui déambulait avec un singe au bout d'une laisse. Le pauvre primate, à qui on faisait porter une couche, n'avait que très peu de liberté de mouvement.
Bien sûr, je suis de ceux qui sont déchirés devant la possibilité d'approcher une bête sauvage ou un animal immense qu'on ne trouve pas tous les coins de rue. J'ai débattu un long moment avec ma conscience avant de me rendre au Tiger Kingdom de Chiang Mai, en Thaïlande.
Voir des tigres, les toucher aussi, est une occasion qui ne repasse pas tellement souvent. À l'entrée, on nous fait signer une décharge : si le tigre se déchaîne, tant pis pour nous. Il y a aussi une certification selon laquelle aucun animal n'est drogué ou maltraité. Comment savoir si cette certification révèle la vérité? À propos des tigres, plusieurs diront qu'il est impossible de les maintenir aussi calmes sans leur administrer un quelconque calmant. J'aurais tendance à penser comme eux.
Toujours à Chiang Mai, j'avais opté pour un trek dans la forêt thaïlandaise au cours de laquelle on nous offrait un tour à dos d'éléphant. À voir la résistance des pachydermes aux ordres de leurs gardiens, à apercevoir les chaînes autour de leurs pattes et les coups de pic qui leur étaient administrés derrière les oreilles, j'ai regretté. Il existe des réserves d'éléphants où les animaux sont gardés sans chaînes et où on peut en prendre soin bénévolement. Ce n'était pas le cas pour la compagnie que j'avais choisie.
Les éléphants sont gardés dans des conditions encore pires en Inde. À Jaipur, on propose une randonnée à dos d'éléphant jusqu'à un palais très populaire. Les animaux vivent dans des cours exiguës faites de béton du plancher au plafond. La longueur de la chaîne qu'on leur passe autour d'une patte ne leur permet même pas de faire un tour sur eux-mêmes.
On ne peut évidemment pas demander à des gens qui survivent avec des moyens modestes de consacrer tous leurs revenus au bien-être des animaux qu'ils gardent. Mais nous pouvons, comme touristes, avoir une forte influence selon les choix que nous décidons de faire. J'ai donc désormais une préférence pour les réserves ou les refuges où il est possible d'observer des animaux dans une relative liberté.
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