Vincent Graton: «Je vais me battre pour que ces enfants retrouvent leur père!»

Le comédien Vincent Graton, Estrien d'adoption, faisait partie des manifestants prenant part à la vigile pour la libération du blogueur saoudien Raif Badawi, jeudi devant le complexe Guy-Favreau à Montréal. Touché par la cause de ce père de famille de 31 ans condamné à 1000 coups de fouet, 10 ans de prison et une amende de 300 000 $, M. Graton sent qu'il peut faire une différence.


<p>Vincent Graton</p>

Vincent Graton

(Photo La Presse/Photo La Presse)

« Il y a deux ans, j'avais entendu parler de ce cas-là et j'avais signé les pétitions. Comme ma blonde et toute sa famille sont originaires de l'Estrie et que la famille de M. Badawi est réfugiée à Sherbrooke, je me suis intéressé davantage à lui. Dans toute la mouvance de Charlie Hebdo, j'avais un grand sentiment d'impuissance. Quand j'ai vu le mouvement en Estrie où les enfants font des minutes de silence pour Raif Badawi, où les gens manifestent, ça m'a fait du bien comme citoyen de voir que la communauté se mobilisait », raconte Vincent Graton.

« On ne parle pas ici de quelqu'un qui a invité à une révolte citoyenne ou de quelqu'un qui a tué. Il veut pouvoir parler librement. Sa femme et ses enfants ont été reçus comme réfugiés. C'est notre responsabilité de permettre à cette famille de retrouver son père. Je vais me battre pour que ces enfants retrouvent leur père! Il faut poursuivre les pressions diplomatiques. »

Vincent Graton, qu'on a vu dans La vie, la vie et L'Auberge du chien noir, est bien conscient que la présence de visages connus lors de vigiles peut faire une différence. « Ce qui m'a amené au théâtre, c'est le théâtre engagé. Je voyais l'art comme un instrument de sensibilisation. Le rôle des artistes, c'est un peu de témoigner des enjeux de leur époque. C'est sûr que comme citoyens, nous avons un rôle à jouer et il est frustrant de voir que des gens se taisent. La présence de la conjointe de M. Badawi à Tout le monde en parle aura certainement un impact majeur. Il faut que cette femme-là soit entendue! »

M. Graton ajoute qu'il a plusieurs amis vidéastes qui sont prêts à défendre la cause et à se mobiliser. « S'il faut qu'on transporte le débat sur le plan politique pendant les élections, nous le ferons. S'il faut aller camper devant le bureau de Christian Paradis, nous le ferons. Ce n'est pas vrai qu'on va lâcher. Je ne veux pas qu'on lâche. Ce qui est beau, ce sont les liens que ça crée entre nous. Nous invitons les familles à écrire au ministre des Affaires étrangères John Baird pour réclamer des actions et nous les invitons à se prendre en photo avec leur lettre. »

Médecins

Raif Badawi devait être épargné des 50 coups de fouet qui lui étaient réservés, ce vendredi matin, à la recommandation des médecins. Son état de santé ne le permettrait pas. 

« On savait déjà que M. Badawi n'était pas en très bonne santé. Il est diabétique et c'est plus difficile de se remettre de ce genre de blessures à ce moment. Nous sommes très inquiets pour sa santé », a indiqué Mireille Elchacar, agente d'information pour Amnistie internationale en Estrie.

Le ministre John Baird se serait pour sa part entretenu avec le prince saoudien Turqi al Faisal al Saud, un ancien ambassadeur, jeudi, à l'occasion du Forum économique mondial à Davos. Le prince pourrait visiter le Canada en février. « Le Canada a un partenariat actif et franc avec l'Arabie saoudite et nous croyons qu'il peut jouer un rôle dans plusieurs défis qui se posent dans la région. Nous maintiendrons un dialogue respectueux avec l'Arabie sur plusieurs sujets, incluant les droits humains », a déclaré le ministère des Affaires étrangères, en anglais seulement, dans un courriel acheminé à La Tribune.

Jeudi, l'Union européenne a demandé aux autorités saoudiennes de suspendre la flagellation de M. Badawi, notamment parce que cette pratique n'est pas conforme avec la convention contre la torture qui a été ratifiée par l'Arabie saoudite. Des membres de la Commission américaine des libertés religieuses ont pour leur part offert de recevoir 100 coups de fouet chacun à la place de Raif Badawi.

- Avec La Presse Canadienne