Les macaques de Gibraltar

La principale attraction de Gibraltar : son rocher, immense et merveilleux, particulièrement sous un soleil radieux.

Des singes à l’état sauvage en Europe! Il n’y a qu’un seul endroit pour en admirer, voire en côtoyer de très près : Gibraltar. La petite péninsule anglaise, au sud de l’Espagne, comporte bien d’autres surprises.


Les macaques ont pris l'habitude de voir des humains dans leur environnement immédiat.

Je l’avoue d’emblée, je ne me serais probablement pas donné autant de mal pour visiter Gibraltar si ce territoire d’environ sept kilomètres carrés avait appartenu à l’Espagne. Il y a quelque chose de particulier à l’idée de traverser tout un territoire à pied en une seule journée.

On ne voyage pas pour accumuler les tampons dans le passeport, mais il reste que le sceau de chacun des pays devient un souvenir pas dispendieux du tout, et surtout, pas vraiment encombrant. Ma déception fut donc vive (quand même pas si vive, finalement) de constater que Gibraltar ne contrôlait que grossièrement les passeports.

De mon hôtel de La Linea de la Concepcion, du côté espagnol, je n'ai marché qu'une quinzaine de minutes pour atteindre la frontière, qu'on recommande de traverser à pied de toute façon. On entre à Gibraltar comme on entre dans un moulin. On agite un peu le passeport, le douanier fait oui de la tête sans même toucher le document, et voilà. Welcome in the United Kingdom.

En entrant dans Gibraltar, on traverse la piste d'atterrissage de l'aéroport, célèbre parce qu'elle coupe en deux le seul accès routier de la péninsule. Quand un avion s'approche, des barrières descendent pour arrêter la circulation, comme ici pour les voies ferrées. Je n'ai malheureusement assisté à aucun atterrissage.

Gibraltar a presque tout de la tradition anglaise : les fish n' chips, les cabines téléphoniques rouges et les livres sterling. Mais on y trouve aussi la livre de Gibraltar, qui ne sera acceptée nulle part à l'extérieur du territoire, apparemment.

Une fois le deuil d'une gastronomie digne de ce nom bien complété, on peut explorer la principale attraction de l'endroit : le rocher, immense et merveilleux, particulièrement sous un soleil radieux.

Les paresseux, ou les touristes pressés, opteront pour le téléphérique. Et vlan, au sommet en dix minutes. La voiture est aussi admise sur quelques routes qui sillonnent le rocher. Mais comme à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, on peut aussi lacer ses godasses fermement et gravir le monticule, en prenant soin d'apporter un peu, beaucoup d'eau.

Alors que je prévoyais de suivre le pavé pour monter, je me suis laissé tenter par un sentier pédestre qui contourne le rocher. On ne les appelle pas les marches méditerranéennes pour rien. Des marches, il y en a des tonnes. Ça monte, ça descend, et ça remonte à de nombreuses occasions. La flore, les oiseaux et la vue sur le détroit de Gibraltar et la mer Méditerranée valent le détour. Il s'agit probablement du secteur le plus calme qu'il m'ait été donné de visiter à Gibraltar.

C'est en arrivant à l'embouchure du lien piétonnier que j'ai aperçu les premiers macaques de barbarie. On suggère fortement de ne pas les nourrir. Bien que fasciné par les primates, j'ai tendance à me garder une petite gêne en leur présence depuis une mésaventure en Thaïlande. Un macaque, justement, s'était littéralement jeté sur moi. Les singes, je les aime donc de loin.

À Gibraltar, les bêtes n'ont toutefois démontré aucune agressivité. Les petits cabriolent autour des touristes qui s'amusent à prendre des photos. Craquants! Ils ont pris l'habitude de voir des humains dans leur environnement immédiat.

Une autre merveille naturelle, la grotte St. Michael, a servi d'hôpital pendant la Deuxième Guerre mondiale. Je me serais passé du spectacle sons et lumières qui teinte d'artificiel un site très impressionnant en lui-même. Fou ce que la nature peut faire. Fou aussi comment l'homme peut dénaturer une caverne que la nature a mis des milliers d'années à forger.

Enfin, je me suis aventuré dans les tunnels creusés dans le rocher pour défendre le territoire pendant le siège de la fin des années 1700. Fascinant et potentiellement éreintant. Mais au final, je réalise tout ce que j'aurais manqué si seulement Gibraltar avait accepté de faire partie de l'Espagne.

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