Raif Badawi: l'opposition demande à Ottawa et Québec d'intervenir

Ensaf Haidar, la conjointe de Raif Badawi, a participé à une vigile tenue à Montréal mardi midi.

Plusieurs partis d'opposition ont joint leur voix à celle d'Amnistie internationale, mardi, pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme la complaisance d'Ottawa et de Québec face au sort réservé au blogueur saoudien Raif Badawi, qui a reçu vendredi les 50 premiers des 1000 coups de fouet auxquels il a été condamné.


Trois députés représentant le Nouveau Parti démocratique, le Parti québécois et Québec solidaire ont demandé à Ottawa d'intervenir de manière plus musclée par la voix du premier ministre Stephen Harper ou de son ministre des Affaires étrangères, John Baird, pour faire pression sur l'Arabie saoudite afin que cesse cette torture considérée comme étant illégale par le droit international.

De plus, ils ont demandé au premier ministre Philippe Couillard d'utiliser les contacts privilégiés qu'il a établis avec la famille royale saoudienne lorsqu'il oeuvrait dans ce pays pour faire pression sur celle-ci dans le même sens.



Les porte-parole ont fait valoir que le Canada et le Québec ont une responsabilité particulière dans ce dossier puisqu'ils ont accueilli à titre de réfugiés la femme et les trois enfants de Raif Badawi, qui habitent aujourd'hui à Sherbrooke.

Amnistie internationale et les députés ont aussi accusé le gouvernement saoudien de faire preuve d'une hypocrisie insoutenable en envoyant un représentant à la marche de soutien aux victimes de Charlie Hebdo, le week-end dernier, tout en procédant à la flagellation d'un homme dont le crime était notamment d'avoir invité sur son blogue ses concitoyens à faire preuve de plus tolérance envers les non musulmans et les étrangers.

«Libérez les libéraux saoudiens»

Raif Badawi, qui animait le site Web «Libérez les libéraux saoudiens», a été condamné en 2012 à dix ans de prison, plus de 250 000 $ d'amende et 1000 coups de fouet.



Une vigile a lieu ce mardi à Montréal pour réclamer que l'on mette fin à ce châtiment; une autre aura lieu devant l'ambassade de l'Arabie saoudite à Ottawa jeudi et deux autres sont prévues vendredi, à Québec et Sherbrooke.

Jusqu'ici, la seule condamnation du gouvernement fédéral est venue de l'ambassadeur canadien pour la liberté de religion, une réaction beaucoup trop timide, selon les porte-parole, qui la qualifient de double standard et qu'ils imputent à la crainte des gouvernements fédéral et provincial de déplaire à l'Arabie saoudite.