Une maison à Madrid... ou Genève

Le quartier bohème de Belgrade est tout à fait charmant.

Une année qui s’achève constitue toujours une bonne occasion pour réaliser un bilan. On regarde par-dessus notre épaule, on ne recule pas trop loin, mais on s’assure qu’on retiendra l’essentiel des leçons accumulées pour cheminer encore.


S’il y a deux choses que je retiens d’une autre année à parcourir la planète à temps partiel, sur quatre continents, c’est que j’ai allongé la liste des endroits où j’élirais domicile et que j’ai la « fâcheuse » habitude de changer en cours de route les plans que j’avais établis quand la nouvelle année s’était présentée.

Le 1er janvier, j'aurais pu jurer que je visiterais la Croatie en cours d'année. Que je faisais du Kilimandjaro mon objectif ultime de l'automne. Niet, niet! Je n'y étais pas du tout.

J'ai bien réalisé cette envie de me poser au pied du Taj Mahal et de parcourir l'Inde, tellement riche en traditions. Bien sûr, c'est joli aussi le Kerala, une province du sud de l'Inde. Ses palmiers, ses plages, ses maisons flottantes, mais je ne suis pas parvenu à m'imaginer vivre dans ce pays surpeuplé. Un an peut-être. Toute une vie? Pense pas.

J'ai déjà louangé Berlin (Ha! Berlin!), San Francisco et Tartu comme étant des villes où je m'incrusterais jusqu'à ce qu'on accepte de m'accorder une nouvelle citoyenneté. Ces endroits ont une âme, donnent envie de ratisser leurs rues sans direction précise, font sourire sans qu'on sache trop pourquoi.

Des trois nouveaux « futurs chez moi » sur ma liste, le plus timide coup de coeur revient à Belgrade, en Serbie. Justement parce que c'est la Serbie et que j'imagine le pays un peu moins jojo en hiver. Il reste qu'en tant que touriste, je n'y ai trouvé que très peu d'attractions dignes d'intérêt. Le vieux fort de Kalemegdan donne un bel aperçu du Danube et il est agréable de s'y promener les jours ensoleillés. Mais c'est justement parce que ses attraits ne sont pas touristiques que j'ai craqué.

Les rues piétonnières, près de la place de la République, s'animent d'artistes de rue, de jeunes professionnels branchés ou de retraités qui flânent sur les terrasses. Ça donne le goût de s'asseoir et de vivre. Les grands parcs, le quartier bohème, les bars aménagés sur des barges confèrent à la capitale ce je-ne-sais-quoi qui donne envie d'en savoir plus.

J'accepterais aussi sans hésiter les clés d'un appartement à Genève, à la frontière de la Suisse et de la France. Pas pour son jet d'eau, dans le lac Léman, qui m'a laissé un peu indifférent. Mais pour le lac Léman lui-même, pour le quai des Pâquis, pour la promenade le long du lac, où le temps passe à une vitesse folle tellement la beauté nous assomme.

Bien sûr, ça ne fait pas de mal qu'on y parle français, que le transport en commun y soit très efficace et qu'il soit possible de traverser chez les cousins français en moins de deux.

Enfin, mon coup de coeur principal aura probablement été Madrid, une ville où tout le monde dit qu'il n'y a rien à voir. En Espagne, les guides touristiques dirigent le trafic vers Barcelone, Séville ou Grenade alors que la capitale, elle, ne peut se vanter d'offrir une Sagrada Familia ou les richesses de l'Alhambra.

Qu'à cela ne tienne, moi, mon Auberge espagnole, je la vivrais à Madrid. Peut-être me suis-je laissé impressionner par les lumières de Noël, tellement jolies, qui surplombaient déjà les grands boulevards le mois dernier, par le sapin composé uniquement de lumières de Noël, à la Puerta del Sol, ou par le marché de Noël à Plaza Mayor.

Ou peut-être ai-je simplement aimé la profusion d'espaces verts, comme le parc Retiro, le dynamisme et la jeunesse de la population et l'animation constante des rues, toujours bondées sans qu'on se sente agressés. À 3 h du matin, les foules fourmillent encore partout dans la ville. Impressionnant.

Surtout, j'ai adoré les milliers de restaurants à tapas, forcément conçus pour encourager le partage de soirées entre amis. Les mets variés conviennent aux petits budgets et l'ambiance nous convainc d'étirer les repas.

Madrid, c'est la seule ville qui m'a accueilli avec la pluie et le froid et que j'ai aimée quand même. Quand on est séduit même dans les pires conditions, les bases de l'affection sont probablement bien solides.

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