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La place Djemaa el-Fna, c’est le coeur de la médina, la vieille ville, et elle est considérée comme la place principale. Il est absolument impossible de ne pas la traverser quand on s’arrête à Marrakech.
L'endroit s'anime du matin jusqu'à tard dans la nuit. Il est bordé de restaurants, de commerces, de petits marchands qui vendent des babioles à l'entrée du souk. Près du stand à taxis, où on arrive probablement tous, s'alignent des dizaines de calèches prêtes à accueillir les touristes pour une tournée des environs.
On a beau avoir 65 litres de vêtements et de matériel de voyage sur le dos, ou une valise à la main, on nous agrippe de toutes parts pour nous inviter à manger, à participer à un conte ou à acheter je ne sais quel machin.
À la base, la place Djemaa el-Fna se veut festive. On dit que le théâtre de rue y a cours depuis les années 1050. C'est joli, charmant même, l'animation qui donne l'impression que la ville ne veut jamais s'assoupir. C'est le côté mercantile qui dérange rapidement.
Je vis relativement bien avec les douzaines de stands à jus, qui vendent tous la boisson la plus fraîche et la moins chère de l'endroit, pour quatre dirhams bien comptés. Mêmes prix, mêmes arguments de vente.
C'est plutôt le « divertissement public » qui m'agace. Celui de ces individus qui se lancent vers vous dès que vous dégainez votre appareil photo. C'est vrai qu'on s'imagine bien qu'ils réclameront leur pécule si on souhaite leur tirer le portrait. Mais il est difficile de croquer l'ambiance, voire l'ampleur d'une place publique, mythique qui plus est, sans qu'un bouffon se lance devant la lentille. Kaching!
Avec leur djellaba, des hommes jouent des cymbales en faisant tourner un pompon accroché à leur chapeau. On en serait impressionné si lesdits messieurs ne nous couraient pas après pour nous poser leur chapeau sur la tête pour ensuite réclamer leur dû. Il faut savoir dire non.
En bordure de la route, à l'autre extrémité de la place, des serpents immobiles reposent sous un grand parasol. Un cobra, lui, chargera tous ceux qui s'approcheront de trop près. Si trop près vous êtes, justement, le propriétaire des animaux tentera de vous faire prendre un des serpents sans vraiment demander si vous êtes intéressés à toucher la bête. Soyez avertis, même une photo prise de loin entraînera son épisode de harcèlement.
J'ai personnellement poussé mon zoom au maximum de sa capacité pour être pris la main dans le sac au moment où j'abaissais mon appareil. Aussitôt, un homme s'est lancé vers moi en allongeant son chapeau. « Paper money », qu'il exigeait.
Les billets de banque, là-bas comme ici, valent toujours plusieurs dollars. C'est un peu exagéré de payer autant pour un petit portrait à l'arraché d'un cobra un brin misérable. Ma magnanimité a donc concédé un pauvre dirham, ce qui m'a valu un bon lot d'insultes. « F*** you », qu'il m'a dit, le Marocain... Je m'en suis voulu d'être tombé dans le piège et d'avoir pris une photo.
Quelques mètres plus loin, d'autres tiennent des singes en laisse. Les pauvres primates n'ont que peu d'espace pour bouger. On leur a même mis une couche. Et ils passent la journée à arracher des sourires, et de la monnaie, aux touristes qui s'amusent de ces quelques artifices.
Quand la pénombre s'installe, les tentes s'érigent pour offrir de la nourriture traditionnelle. Les guides touristiques assurent qu'il s'agit d'une occasion de faire comme les Marocains. La viande y serait particulièrement fraîche considérant le nombre de convives qui se succèdent sous les petits chapiteaux.
Mêmes menus, mêmes prix, mêmes arguments de vente, encore une fois. On nous propose des rabais, la boisson, le thé et le dessert gratuits. Les portions sont au final petites et on oublie, au moment de délivrer la facture, qu'on avait promis des gratuités. Ha, le bel attrape-touristes.
La place Djemaa el-Fna est bien jolie. Ses attraits partent souvent de bien belles traditions, mais l'appât du gain et l'agressivité qui l'accompagne viennent gâcher la sauce. À moins que je n'aie perdu ma capacité à m'émerveiller...
Ne l'interprétez pas mal. J'ai aimé mes péripéties au Maroc. J'ai seulement préféré me promener à l'extérieur des murs de la médina de Fès ou dans les montagnes de Chefchaouen que de me laisser dépouiller de mes dirhams sur la place Djemaa el-Fna à Marrakech.
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