Pas besoin d’un doctorat en sociologie, en géographie ou en philosophie pour cerner les pays d’Asie reconnus pour le tourisme sexuel. Au Vietnam, au Cambodge, mais surtout en Thaïlande, n’importe quel chauffeur de taxi ou de tuk-tuk abordera le touriste masculin de la même façon.« Boom-boom? » qu’il demande. Une onomatopée suffit pour nous offrir des services sexuels. Étonnamment, ou pas, à peu près tous les hommes oeuvrant dans le transport semblent affiliés à un réseau de prostitution. S’ils posent la question d’emblée, c’est probablement parce que plusieurs touristes viennent là précisément pour s’envoyer en l’air. C’est sans imaginer la quantité de femmes coincées, de gré ou de force, dans ces fameux réseaux.
C'est en Thaïlande que les offres sont les moins subtiles. En plus des différents chauffeurs, on trouvera quelqu'un pour nous solliciter à peu près à tous les coins de rue du quartier de Silom. Les spectacles, les massages, ne sont pas arrivés là par hasard. On répond visiblement à une demande.
Il y a de quoi se désoler quand on se présente dans Soi Cowboy, où s'alignent les prostituées le long des façades de bars. On voit arriver les clients, rarement sous la cinquantaine, souvent intoxiqués, qui magasinent au vu et au su de tous comme ils le feraient pour une pièce de vêtement... Ils reluquent et font leur choix. Soi Cowboy ne rend pas nécessairement fier de la race humaine...
En Chine, pour toutes sortes de raisons, la sollicitation est plus discrète. Toujours, ce sont les hommes qui approchent les touristes. À éviter, donc, les marches en solitaire dans les ruelles sombres des grandes villes. Ça tombe peut-être sous le sens.
Toujours est-il que j'étais tellement heureux de pouvoir explorer Shanghai que je n'y ai pas pensé. Une amie d'une autre auberge m'avait donné l'adresse d'un bar où les backpackers se rassemblaient. J'ai utilisé Google Maps, ai tenté de mémoriser le chemin... mais me suis perdu. Sans me faire d'illusions, je me suis couvert la tête d'un capuchon pour qu'on ne reconnaisse pas que je ne venais pas de là. Pas besoin de préciser que c'était particulièrement inutile, surtout avec mon air égaré reconnaissable à bonne distance.
À une intersection déserte, c'est peu dire dans un pays comme la Chine, un homme s'est approché en chuchotant. « Massage? » J'ai continué à marcher en faisant mine de l'ignorer. « Sex massage? » qu'il précise. Merci, mais non! J'avais compris au chuchotement qu'il y avait un sous-entendu.
Suffit de semer un proxénète pour qu'un autre prenne le relais... Ce soir-là, je n'ai jamais trouvé le bar que je cherchais et j'ai vite fait de rentrer à mon auberge. Avec une faune comme celle-là, ça ne donne pas trop le goût de s'attarder.
À Tokyo au Japon, le quartier de Shinjiku est idéal pour observer les Japonais. Les hommes qui fréquentent le secteur ont des coiffures originales, les femmes sont déguisées en mangas, mais on trouve aussi de bons restaurants, du karaoké et des machines de pachinko. Sans compter qu'il s'agit du quartier dit du « Red light », où, encore une fois, les hommes seront sollicités par... des proxénètes africains. Allez savoir pourquoi, les bars du quartier sont contrôlés par des Africains qui nous interpellent parfois en français.
Les situations similaires sont aussi répertoriées ailleurs, comme en Australie, à Sydney, où, à la sortie des bars, on vend le corps des femmes comme d'autres des cigarettes. À Vienne, il est déconseillé de se trouver par erreur sur le boulevard des femmes de joie. Elles deviennent agressives quand on tente de les éviter.
À Cuba, on opte pour l'approche amicale. Un homme, souvent jeune, voudra vous connaître, partager un café, avant d'avancer qu'il faut absolument succomber aux charmes d'une Cubaine. Bien sûr, il en a quelques-unes à vous suggérer...
Visiblement, ce n'est pas pour rien qu'il y a le mot monde dans l'expression « le plus vieux métier du monde ».
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