Bâtir son rêve au Nicaragua

Vincent Villemure-Duchesneau, Karl Pineault et Laurent Champagne partiront le 9 octobre pour le Nicaragua, où ils souhaitent construire leur propre auberge de jeunesse.

On va se le dire d’emblée : je suis jaloux. Quand on dit que pour réaliser un rêve, il suffit de trouver les moyens pour y arriver, eux l’ont fait. Exit les excuses et la bouillie pour les chats du « je-n’ai-pas-le-temps » ou du « oui-mais » et en avant l’aventure. Eux, je les déteste un peu aussi d’avoir la présence d’esprit d’avoir démêlé leurs lacets et d’avoir commencé à courir.


Eux, ce sont Vincent Villemure-Duchesneau, Karl Pineault et Laurent Champagne. Ils vivent à Québec, pour encore quelques semaines du moins, mais sont originaires de Shawinigan, Saint-Hyacinthe et Roxton Falls respectivement. À 23 et 24 ans, après un bac en administration, ils prendront bientôt la route du Nicaragua pour y bâtir leur propre auberge de jeunesse. Le rêve! L’aventure! Mais le sérieux aussi...

Les voyageurs au long cours ont probablement tous la même bulle qui leur éclate au visage un bon matin. L'envie de voyager toujours, par procuration s'il le faut, passe souvent par l'idée d'une auberge de jeunesse qui nous appartiendrait. J'ai eu la même aspiration. Sauf que les trois complices, qui lanceront la Free Spirit Hostel, ont une longueur d'avance.

Vincent, Karl et Laurent sont loin d'être trois hippies qui vont flamber leur argent pour une année sabbatique rock'n'roll sur une plage d'Amérique centrale. Leur projet, ils le travaillent depuis un an. Samedi, ils ont d'ailleurs vendu toutes leurs possessions dans une énorme vente de garage. Tout ce qui n'a pas été vendu a été offert à des oeuvres de charité. Le 9 octobre, ils partiront en minibus, offriront une websérie sur leurs progrès, et jetteront l'ancre au Nicaragua un de ces quatre. C'est là qu'ils verront à s'intégrer dans la communauté avant de choisir leur coin de paradis.

Le concept Free Spirit? Ma maison est ta maison, ou mi casa es su casa, comme on dit en espagnol. Un endroit construit par des voyageurs, pour des voyageurs, avec des cours de surf et de yoga. Et des idées, le trio n'en manque pas. À eux trois, les futurs copropriétaires ont visité 95 pays et touché à cinq continents. On est loin du coup de tête.

Pourquoi le Nicaragua? Pour réaliser un projet d'envergure avec peu de moyens, soit 100 000 $ pour le moment. On dit que le Nicaragua est la prochaine Thaïlande, souffle même Vincent au téléphone. « On voulait embarquer dans la vague avant qu'il ne soit trop tard. »

Leur visa d'investisseur leur donne cinq ans pour lancer le projet. La Free Spirit Hostel devrait ouvrir en juin 2015 si tout se passe bien.

Je l'avoue, j'ai presque eu envie de réserver ma place dans leur minibus. Pendant que j'écoutais Vincent me raconter son histoire, l'imaginant au bout du fil, les étoiles dans les yeux, j'ai entendu mon ami Felipe, propriétaire d'une auberge à Sao Paulo, me dire « Un de ces jours, c'est toi qui auras ta propre auberge. Tu n'y échapperas pas ».

Felipe a mon âge. Un beau jour, il a mis les voiles pour faire le tour du monde. Au retour, il s'est lancé en affaires pour continuer de voyager.

J'ai encore le même projet, quelque part au fond des « oui-mais » qui me flottent entre les deux oreilles. Je songe à Berlin ou à Tartu, en Estonie, pour des raisons plus émotives qu'administratives. Quoique je suis assez ouvert itou.

J'ai un ami qui a fait d'une auberge son projet de vie. Pour plus tard. Je bourdonne chaque année dans ses oreilles pour lui rappeler que « quand on est deux ça va toujours mieux ». À travers les « oui-mais », nous vaquons à nos activités professionnelles en attendant que l'auberge pousse toute seule.

Le logo de la Free Spirit Hostel est une pyramide inversée. « Pour tenir une pyramide à l'envers, nous n'avons pas le choix d'être une équipe », relève judicieusement Vincent, qui croit à un partenariat gagnant avec ses deux amis.

Pour moi, la pyramide roule encore sans personne pour la supporter. On verra où elle saura s'arrêter. Les futurs aubergistes ont lancé une campagne de sociofinancement sur Indiegogo. Quiconque souhaite les aider à réaliser leur projet peut y faire un don, aussi minime soit-il. Vous trouverez toutes les informations nécessaires au thefreespirithostel.com

Et en attendant l'auberge du Bourlingueur, je leur rendrai peut-être visite un jour, question de m'inspirer et de m'injecter une petite dose de courage. Paraît que c'est beau, le Nicaragua.

Suivez mes aventures au www.montourduglobe.com