Je me suis interrogé sur la qualité de l’accueil dans les pays que j’ai visités. Dans ceux que je voudrais voir aussi. Et j’ai donné dans la généralisation. Des fois, je me demande même si c’est moi le problème.
Selon les études les moins scientifiques du monde, celles qui pullulent sur l'internet, la France et l'Allemagne ont souvent tendance à flirter avec le sommet des palmarès quand il est question d'inhospitalité. Et, oui, j'admets avoir souri du coin de la bouche en constatant les résultats.
Les Français, ils vous diront que c'est la faute des Parisiens. Les Parisiens, ceux que je connais à tout le moins, des amours de Français, je le jure, s'en battent les couilles des a priori et sont dégoûtés de prendre le blâme pour leurs compatriotes grossiers.
Dans Montmartre, attablé dans un joli boui-boui, j'attendais le repas du midi. Le serveur avait à peine posé la soupe à l'oignon sur la table, pendant que de légers flocons commençaient à tomber sur le pavé, de l'autre côté de la fenêtre, qu'il s'est mis à m'engueuler. Il avait oublié de m'apporter le sel. Ma faute, on aurait dit. Quoique je suis peut-être susceptible un brin.
Il y a lui, mais il y a aussi ceux qui qualifient mon français de langue barbare, qui me font répéter le mot beurre, parce qu'il paraît que ma prononciation laisse à désirer, et qui me répondent, au final, en anglais. Parce qu'avec un accent de même, on ne peut pas vraiment savoir parler français.
Ouais bon! Ces Français, ce ne sont pas LES Français. Des paumés, il y en a partout. Ils sortent, même, jusqu'à vous emmerder en qualifiant vos six mois autour du monde de «n'importe quoi», parce qu'eux, eux, ils savent vivre. Neuf mois qu'ils ont passés, juste en Amérique du Sud. Et eux, eux, ils n'ont rien vu du tout. Alors vous, avec vos six mois...
Je le disais, ces Français, ce ne sont pas LES Français. Seulement, ceux-là, on ne peut pas ne pas les voir. Et ils teintent l'image qu'ont certains touristes de toute une nation. Mais je ne dirais pas que les Français ne sont pas accueillants. «Vous avez dit Céline Dion? J'adore, Céline Dion!»
Les Allemands? J'adore les Allemands! Sauf ceux qui travaillent dans l'industrie touristique et qui soupirent, les yeux levés au ciel, quand on passe à l'anglais après avoir poussé notre plus élégant Guten Tag. Ils nous parlent en allemand, voient qu'on ne pige rien, répètent, et cèdent finalement pour expliquer en anglais.
Quand j'y pense, on m'a servi le même manège en Argentine, où un homme, voyant que l'espagnol qu'il parlait sans doute parfaitement ne me sonnait aucune cloche, s'est mis à répéter deux fois plus fort à quelques centimètres de mon visage. J'ai peut-être l'air d'un demeuré, mais je ne suis pas sourd.
Il y a tous ces autres pays, où on nous charge déjà trois fois le prix pour un taxi de l'aéroport, juste parce qu'on a la tête d'un guichet automatique. Chic! On dirait qu'on leur pardonne, à ceux-là, parce qu'ils sont pauvres comme tout.
À l'opposé, on dit de nous, Québécois, que nous savons recevoir. Que nous sommes un des peuples les plus chaleureux, même si on croit souvent qu'on sera mal reçu si on ne parle pas français.
Pour avoir accompagné des amis étrangers en visite autant à Québec qu'à Montréal, je peux confirmer que nous faisons souvent l'effort de parler anglais. Mais quand on ne veut pas, on ne veut pas. Les yeux tournés vers le ciel, symbole international du pourquoi-il-ne-parle-pas-ma-langue-comme-tout-le-monde, les serveuses répètent en français. Tu ne comprends pas? Ton problème qu'elles ont l'air de dire.
Y a aussi ceux qui, en tapant sur le comptoir, regarderont les étrangers en leur rappelant que « le tip n'est pas inclus ». Ils n'entendent pas à rire. Parce qu'il faut comprendre que dans plusieurs pays, le pourboire obligatoire, ils ont déjà pensé à l'inclure à la facture.
C'est sûr qu'on finit par s'adapter. Surtout qu'ici comme ailleurs, on trouvera toujours des gens inhospitaliers. Au final, si j'ai croisé plusieurs quidams moins accueillants, je ne suis pas tout à fait prêt à décerner de coups de gueule à des peuples en particulier.
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