Petit voyage culinaire

En Afrique du Sud, le bobotie n'est rien de plus qu'une espèce de pâté chinois.

Le bonheur est dans l’assiette! Même à des milliers de kilomètres de la maison. Quoique le plaisir de manger peut parfois être altéré quand on nous indique la nature du mets qui se coince entre les dents de notre fourchette. Touristes gourmands, sur tous les continents, vous en aurez pour votre argent.


<p>En Chine, certains ont abdiqué devant ce plat de poulet pourvu de sa tête.</p>

En Chine, certains ont abdiqué devant ce plat de poulet pourvu de sa tête.

(La Nouvelle, Jonathan Custeau/La Nouvelle, Jonathan Custeau)

La première critique provient de ma dent sucrée, toujours un peu trop creuse. Pas pour rien que la compagnie Swiss trône parmi les meilleures compagnies aériennes dans mon palmarès maison. Avant l’atterrissage, les hôtesses distribuent un succulent, quoique jamais assez gros, chocolat suisse.Critique de ma dent sucrée, donc, qui offre son premier coup de gueule à la Chine, qui n’a pas bien saisi la définition du mot « sucré ». On y trouve bien sûr toutes sortes de friandises occidentales, des biscuits aux barres chocolatées, mais les réels péchés mignons locaux laissent un peu pantois. J’ai souvenir, par exemple, de cette espèce de biscuit au centre duquel se trouvait... un jaune d’oeuf. On aime avec modération quand on est du genre à vendre sa mère pour un sac de truffes chocolat-framboise. Mettons!

À l'opposé, les gaufres belges, sans autre additif, représentent un danger pour n'importe quel diabétique. On les trouve à tous les coins de rue, ou presque, et elles sont un vrai délice. Pareil pour les espèces de biscuits gaufrés hollandais, qui, entre deux couches, sont couverts de caramel. On les réchauffe pour un peu plus de décadence. Impossible de s'arrêter.

Ceux qui s'inquiètent des calories et qui ont les habitudes tatillonnes pourront amorcer un régime sans gras, sans nourriture, dès leur arrivée en Chine. Même si j'y ai très bien mangé, j'en ai vu quelques-uns opter pour l'abstention quand leur poulet leur est arrivé entier, tête comprise, dans une assiette de riz. Il faut dire qu'ils avaient été effarouchés un iota par les grenouilles qu'on égorgeait directement sur le trottoir, devant le restaurant.

On a beau vouloir essayer les produits locaux, par principe, je ne pouvais pas goûter la soupe d'ailerons de requin en Thaïlande. Pas plus que je me suis laissé aller à déguster du chien rôti dans les ruelles d'Hanoi. Les scorpions de Pékin? J'ai comme eu un blocage en les voyant par brochettes de trois sur le bord de la rue.

Des fois, on s'enthousiasme pour bien peu. En Afrique du Sud, il me fallait absolument essayer le bobotie. Juste le nom nous transporte ailleurs. Pourtant, il n'agit que d'une version étrangère du pâté chinois : viande hachée, patates pilées et pourquoi pas quelques raisins secs. On aime! On en veut encore. Mais on oublie l'exotisme.

Alors quoi? Je réponds quoi, moi, quand on me demande ce que j'ai mangé de particulier? Je cite cette pizza aux poivrons et canneberges sur laquelle de fines lanières de kangourou avaient été ajoutées, à Sydney, Australie. Le kangourou se mange rosé à défaut de quoi il prend la texture d'une semelle de botte.

Pas satisfaits? Que diriez-vous d'un peu d'alpaga, au Pérou, si vous avez déjà dégusté votre portion de cochon d'Inde. Que dire du serpent que j'ai fait griller dans un « pot luck » au Cambodge, en même temps qu'un peu de viande d'alligator? Il me faudra assurément une meilleure recette de serpent, ma première « dégustation » n'ayant rien de bien concluant.

Au Vietnam, on a insisté pour me convaincre que c'était bien de la méduse qu'on me servait au dîner. Les rondelles spongieuses bien apprêtées étaient tout à fait délicieuses.

Et pour ceux qui souhaitent vraiment des exemples exotiques, soulignons les succulentes racines de lotus en Chine ou le goûteux steak de kudu en Afrique du Sud.

Les papilles curieuses ont donc amplement d'occasions de faire des découvertes. Suffit d'oser.

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