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Il est vrai qu’on reconnaîtra rapidement les remugles du métro de Paris, quand on y remettra les pieds. Les arômes des épices, aux marchés du Vietnam, pourront être appréciés encore au retour grâce à certains restaurants asiatiques. On en passe la porte et on se transporte immédiatement au coin d’une rue de Saïgon, où la meilleure pho de la ville est servie.
Mais la musique qui nous accompagne dans nos périples, celle qui donne le ton avant le départ ou nous console après le retour, saura toujours nous replonger dans un état que personne d'autre ne comprendra. Comme voyage dans le temps, c'est encore ce qu'on fait de mieux.
Bien sûr, on y verra (ou entendra) les signes qu'on voudra. Les coïncidences de la vie, parfois, réchauffent le coeur une chanson à la fois.
J'hésitais encore à me lancer sur la longue route de l'aventure outre-mer quand un jeune athlète bien de chez nous a été porté à son dernier repos. Pour ses funérailles, il avait préparé un vibrant message : «Saisissez les opportunités sans toujours réfléchir...» Puis, il s'en était allé sur une musique qu'il avait aussi judicieusement choisie.
Tellement jeune. Tellement sage. Je ne le connaissais pas, ce jeune athlète, mais j'ai reçu son plaidoyer comme un défi. Cette chanson, elle me rappelle encore aujourd'hui qu'on ne peut jamais baisser les bras.
Vers la fin d'un tour du monde qui m'avait arraché bien des doutes et quelques remises en question, ladite pièce a résonné à l'arrière d'un taxi, dans la petite ville de Paraty, au Brésil. Je bourlinguais depuis cinq mois dans un voyage que j'avais hésité à entamer. Tout à coup, Chris Martin chantait dans mes oreilles, au Brésil. J'ai souri.
Au début du périple, quand j'ai atteint un croisement qui me laissait le choix entre abandonner et aller au bout de mon aventure, une autre chanson m'avait convaincu. «Calm down», commençait le chanteur. «Hold your own, know your name and go your own way. And everything will be fine», poursuivait-il plus tard.
C'est ce que j'ai choisi de faire : aller mon propre chemin. Chaque fois qu'un croisement tentait de planter le doute devant moi, je m'envoyais les mêmes paroles entre les deux oreilles. Des paroles qu'ont laissé échapper les enceintes d'un bateau brésilien... à Paraty. Par pur hasard. J'ai souri encore, comme si une boucle se fermait tout à coup.
Je revois aussi défiler les paysages de l'Afrique du Sud pour chaque interprétation de Wake me up before you go go, alors que Wham!, visiblement très populaire dans cette portion du globe, faisait partie des quatre ou cinq valeurs sûres que les chaînes de radio diffusaient sans arrêt.
Au-delà des succès populaires, on peut compter sur des ambiances, des musiques qu'on ne retrouvera plus, qui teintent pour toujours des moments qu'on n'oubliera jamais. Sur les routes de l'Australie, dans un road trip avec deux inconnus, j'ai conduit le long de la Great Ocean Road, une des plus belles routes panoramiques du monde. Le dernier soir, alors que mes deux amis s'étaient assoupis sur la banquette arrière, je me dirigeais vers le soleil couchant au milieu d'une vaste campagne.
La radio crachait un vieux succès country. Seul sur cette route, entre le goût de la liberté et l'isolement que laissait paraître un bitume usé, je me sentais comme dans un western américain. J'ai eu, un instant, une envie de réveiller mes acolytes pour partager le moment. Égoïstement, j'ai regardé le soleil tomber, un solo que j'ai gardé pour moi tout seul.
Enfin, je n'oublierai jamais la Grèce, qui m'a accueilli sous une chaleur écrasante. Pendant que mes paupières m'imploraient de gagner mon lit, l'appel du gyros, passé minuit, s'est fait trop fort. Avec des amis nouvellement rencontrés, j'ai embrassé la nuit d'Athènes sur une terrasse jouxtant des ruines éclairées.
Un murmure s'est dégagé quelques tables plus loin. Le bruit d'une guitare sèche aussi. Les voix d'une dizaine d'hommes, à l'unisson, entonnaient avec douceur une mélodie grecque comme on chanterait ici un succès québécois autour d'un feu de camp. Le temps s'est suspendu. Un mot : magie!
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