Ainsi va la vie des favelas

Dans les favelas du Brésil, où les petites maisons colorées sont empilées les unes sur les autres, les caïds sont souvent ceux qui font régner leur loi.

Rio de Janeiro se prépare pour les prochains Jeux olympiques. En attendant, elle accueillera cet été la Coupe du monde de soccer. Pendant ces deux années, la planète entière aura les yeux tournés vers le plus grand pays d’Amérique du Sud. Pour faire taire la croyance persistante que Rio est une ville dangereuse, les autorités ont amorcé une opération nettoyage dans les favelas.


Les favelas sont ces quartiers complets de bicoques empilées les unes sur les autres, à flanc de montagne, où chacun est plus pauvre que le voisin. Il est déconseillé de s’y promener seul quand on est un touriste. Les gangsters et la drogue y sont rois et maîtres. Là, même les policiers ont de la difficulté à faire régner la loi.Je me suis aventuré dans celle de Rocinha, toujours à Rio, par un dimanche ensoleillé. J’avais embauché un guide qui garantissait notre sécurité. Qui plus est, le dimanche, c’est jour de congé pour les caïds. On nous avait toutefois prévenus: si vous apercevez des transactions de drogue... prière de ne prendre aucune photo.

Au pied de la montagne, on paie un chauffeur de motocyclette pour qu'il nous transporte tout en haut. Là, il n'y a qu'à faire confiance à un de ces enfants des favelas, qui ont grandi en souhaitant devenir joueur de soccer professionnel... ou revendeur de substances illégales.

Heureusement, je n'avais pas encore visionné le film Troupe d'élite, que je verrais quelques jours plus tard. Campé dans une favela, le long-métrage nous montre à un certain moment un journaliste brûlé vif, emprisonné dans une pile de pneus. Ouille!

Toujours est-il que j'ai grimpé les rues sinueuses de Rocinha à l'arrière d'une motocyclette, les yeux mi-fermés chaque fois que nous évitions un obstacle dans une courbe.

J'ai rapidement constaté que dans une favela, les lois sont celles qu'on veut bien se donner. On y trouve plusieurs centaines de milliers de Brésiliens, sans pouvoir établir un nombre précis. Là, la terre appartient à celui qui se l'approprie pour construire son repère. Les rues deviennent parfois des enclaves, quand un nouveau propriétaire choisit d'y bâtir sa cuisine.

Sans surprise, les poteaux électriques sont surchargés de fils, la plupart branchés illégalement. Les égouts à ciel ouvert bordent les ruelles étroites où les enfants dansent pour les touristes, dans l'espoir de leur arracher un sou ou deux.

Et les enfants, ils sont nombreux à grandir dans les favelas. Çà et là, ils courent un cerf-volant à la main. Ils ignorent encore peut-être que le futur leur sera bien difficile. C'est que la pauvreté est partout dans ces villages de fortune et que les naissances sont difficilement contrôlées.

Les poupons naissent les uns après les autres dans des familles nombreuses. Le premier rejeton se pointe même parfois alors que la maman a à peine laissé les jupons de la sienne. À Rocinha, il n'est pas rare qu'une jeune fille enfante à l'âge de 12 ans. Ainsi va la vie des favelas, où être grand-père à 28 ans n'a rien de bien exceptionnel.

Si le gouvernement tente d'améliorer les conditions de vie d'ici les Olympiques, il reste à voir si les efforts continueront d'être déployés quand la visite sera partie et que le drapeau olympique fera son chemin vers Pyeongchang pour la célébration de 2018. En attendant, mine de rien, l'argent qu'amènent les touristes est investi dans des programmes sociaux pour assurer un meilleur avenir aux adultes de demain.

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