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On dit que la vie commence à 30 ans. Il semblerait qu'il faille donc accumuler le plus d'expériences: voir une des sept nouvelles merveilles du monde, voyager en solo, dormir quelque part où il faut allumer un feu pour rester au chaud, faire la fête à Vegas et nager dans l'océan.
Quelque part dans le milieu du lot, pour ceux qui souhaitent commencer lentement, se trouve une tâche plus facile à accomplir: voyager en train. Pour vrai. Pour plus qu'une promenade dominicale entre chez soi et la ville voisine. Quoiqu'il s'agit pratiquement d'un incontournable quand on visite l'Europe ou l'Asie. Pour passer de la ville A à la ville B, pour éviter les bouchons de circulation, les rails constituent une solution qu'on est forcé de considérer.
En attendant de monter à bord du mythique Transsibérien, qui traverse la Russie en reliant Moscou et Vladivostok, j'ai déjà pris place dans un bon lot de wagons. J'ai bien eu quelques frousses, fait plusieurs belles rencontres, mais surtout vécu des expériences culturelles incontournables.
Eh oui, une petite frousse de rien du tout, il y a déjà sept ans, entre Barcelone et Milan. Un convoi avait explosé à Madrid quelques mois plus tôt. Terrorisme! À la gare, les chiens renifleurs humaient chaque valise, chaque sac à main. Les rayons X dévoilaient le secret de tous les bagages sans exception.
La locomotive avait beau s'être mise en marche depuis plusieurs heures, mon compagnon de cabine n'avait pas cessé de faire les cent pas. La couverture de sa couchette n'avait pas encore été dépliée. Il était nerveux! Lui, il ne dormirait pas. Moi oui, jusqu'à ce qu'on tambourine à la porte. Jusqu'à ce que les policiers débarquent. Jusqu'à ce que le compagnon de cabine reparte menottes aux poings. Jusqu'à ce qu'on fouille le compartiment... au cas. Je n'en ai pas su davantage. De là, je ne dormirais plus.
Dans un pays aussi grand que la Chine, les nuits bercées par le tangage des wagons sont pratiquement impossibles à éviter. Dix, douze, quatorze heures dans un train bondé, c'est monnaie courante.
Dès que le signal est donné pour monter à bord, les Chinois s'élancent pour trouver une place où planquer leurs valises. Il faut ensuite déchiffrer le billet pour savoir laquelle des six couchettes du compartiment sera la nôtre. Sur celle d'en bas, ils sont déjà deux ou trois, assis, à attendre que le convoi s'ébranle. Impossible de s'y allonger. À défaut de se reposer, on peut socialiser...
Il y a aussi la couchette du haut, bien collée contre le plafond, qui garantit une prune ou deux sur le coco.
Il y a bien sûr ma tête de Blanc qui en a surpris plus d'un. On détonne, on ne sait pas sur quel lit grimper, on ne comprend surtout pas comment on saura qu'il est temps de descendre quand le train s'immobilisera à notre destination.
À tout le moins, pas besoin de cadran pour sonner le réveil. Vers 6 h du matin, les lumières s'allument, l'intercom crachote une mélodie, les Chinois déballent leurs contenants de nouilles séchées. À une extrémité du wagon, ils s'entassent pour accéder au réservoir d'eau chaude...
Et il y a ces trains qu'on prend moins pour se véhiculer que pour l'expérience. Comme le train «TranzAlpine» de Nouvelle-Zélande. En quatre heures et demie, il relie Greymouth et Christchurch en traversant les montagnes de l'île du Sud. En plein centre du train, un wagon sans banc ni fenêtre permet la contemplation, une façon de s'imprégner du paysage bien plus qu'on le ferait le nez collé à une fenêtre.
Pas encore convaincu? Il y a ces wagons d'une autre époque, dans la campagne de la Thaïlande, ou le technologique Maglev à Shanghai, qui atteint 430 km/h, qui représentent de belles options.
Sinon, la liste d'aventures à réaliser avant d'avoir 30 ans vous suggère un saut en parachute... ou une escapade à New York.
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