Un pays, deux continents

À Istanbul, il y a ce petit quelque chose de l'Asie dans une ambiance tout européenne.

Les deux pour un, on aime toujours ça. On a l’impression d’économiser, d’en avoir plus pour son argent. Courant à la fois sur le continent européen et l’Asie, la Turquie promet donc d’offrir le meilleur, ou le pire, des deux mondes. Pour le même prix!


<p>À Kaymakli, les hommes s'affairent à trier et peser fruits et légumes à même le sol du stationnement.</p>

À Kaymakli, les hommes s'affairent à trier et peser fruits et légumes à même le sol du stationnement.

Comme le pays lui-même, LA grande ville touristique du pays, Istanbul, se trouve elle aussi à cheval entre l’orient et l’occident... Quand on débarque à Istanbul, on ne sent qu’un léger dépaysement. Les systèmes de transport, les boutiques, l’air décontracté de la population rappelle les grandes villes comme Barcelone ou Rome. Les mosquées en plus, bien sûr. À moins que ce ne soient les touristes qui ajoutent à la confusion des genres. À bien des égards, ça sent l’Europe!

Bien sûr, on trouvera le Grand Bazar, qu'on conserve principalement pour les étrangers. Ces derniers adorent visiblement acheter des babioles à prix outranciers, ne sachant même pas si leur nouvelle acquisition a quoi que ce soit à voir avec la Turquie.

Idem pour le marché aux épices, joli pour quelques photos mais qui plonge un peu trop profondément dans le portefeuille. Les commerçants qui ont pignon sur rue, moins exotiques, offrent souvent les mêmes produits à prix dérisoires.

Dans les marchés, la négociation est de mise. Comme partout en Asie.

N'empêche, à force de voir les touristes affluer, la partie ouest d'Istanbul parle bien l'anglais, se standardise, se couvre d'accents européens.

Il suffit de traverser dans la partie asiatique de la ville pour découvrir un monde un tantinet différent. Déjà, l'étranger y est moins fréquent. La vie quotidienne suit son cours dans un désordre un peu plus apparent.

C'est que les backpackers et les retraités en ont bien assez de se perdre dans les grandes mosquées, les environs du pont Galata et les emplettes où ils se font rouler. Les dolmus, ces mini-bus de fortune présents dans Kadikoy et Üsküdar, sont déjà moins prisés. Mais on sent pourtant tellement plus d'authenticité.

L'Asie ne manque pourtant pas de se déployer dans toute sa splendeur vers le centre du pays. En route pour Göreme, en autobus, nous nous sommes arrêtés tous les trois heures dans des commerces de fortune qui servent de halte routière.

Le Vietnam, le Cambodge, la Jordanie me sont revenus en plein visage. Plantées au milieu de nulle part, ces petits magasins profitent de la manne. Les voyageurs affamés se ruent sur les quelques friandises du dépanneur. Les autres se bousculent dans le brouhaha d'un restaurant où connaître la langue locale constitue un atout majeur. Et bien sûr, les salles de bain sont dotées de toilettes turques (!) pour lesquelles il faut payer. L'Asie!

On reconnaît aussi l'Asie pour ses petits villages aux bicoques entassées où l'on vit sur le perron, à héler les passants pour qu'ils fréquentent le commerce du patriarche. Sans gêne aucune, c'est le cadet qui accueille le client. Et si ce dernier est blanc, c'est encore plus amusant.

À Kaymakli, par exemple, les étrangers ne sont pas légion. À moins qu'ils ne débarquent d'un autobus nolisé pour visiter la ville souterraine. Dans un restaurant en plein air où les tables se comptent par dizaines, impossible d'apercevoir la cuisine. Pas de menu non plus. Le serveur, dans un anglais approximatif, énumère les trois plats parmi lesquels choisir.

L'option un, telle que commandée, surgit du coin gauche, où un homme émane d'une cabane où il semblait conserver de la nourriture. L'option deux, elle, paraît venir directement du marché ambulant de l'autre côté de la rue. Quant à l'option trois... mystère. Il faudra repasser.

Et pendant qu'on découvre de nouvelles saveurs, les hommes s'affairent à trier et peser fruits et légumes à même le sol du stationnement, séparé des tables par un muret de pierre.

L'Asie et l'Europe dans le même cocktail, ça change un peu le mal de place...

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