Grève dans la construction: les chantiers désertés (vidéo)

La plupart des chantiers de construction de la région n'ont pas ouvert, lundi, à la demande de l'Association de la construction du Québec (ACQ). Ce sont 6150 travailleurs qui ont déserté les chantiers en Estrie, et 175 000 au total au Québec, en raison du déclenchement, à minuit dimanche, d'une grève générale illimitée.


Toutefois, certains chantiers de Sherbrooke et de la région où des travailleurs poursuivent malgré tout leurs activités seront visités mardi matin par des piqueteurs afin de les sensibiliser à la cause. « Il y a des travailleurs qui se sont présentés pour travailler aujourd'hui (lundi), principalement dans le résidentiel. On a envoyé des équipes en avant-midi pour faire une tournée des Cantons-de-l'Est et on va compiler tout ça. Tous les travaux dans le résidentiel neuf sont assujettis, que ce soit une maison unifamiliale, des condos ou un immeuble à logements », indiquait lundi Raymond Lévesque, représentant de l'Estrie pour l'Alliance syndicale de la construction.

« On va envoyer des groupes pour faire du piquetage devant ces chantiers avant l'arrivée des travailleurs, vers 6 ou 7 heures, pour les sensibiliser à nos revendications. Mais ce sera toujours de façon civilisée, sans violence, et les piqueteurs ne vont pas empêcher les travailleurs d'entrer sur les chantiers », poursuit M. Lévesque.



Les groupes de piqueteurs sont partis mardi matin des bureaux du conseil régional de la FTQ de l'Estrie, sur la rue Rand à Sherbrooke, pour se rendre sur les divers chantiers identifiés au cours de la journée de lundi, a précisé M. Lévesque.

Lundi, le Service de police de Sherbrooke, qui a effectué une surveillance des différents chantiers, n'a pas eu à intervenir auprès de travailleurs ou de piqueteurs.

Partout au Québec

Depuis minuit, lundi, les travailleurs de la construction sont en grève, partout au Québec, pour une période indéterminée. Tous les chantiers de la province devraient être paralysés, y compris dans les secteurs du génie civil, de la voirie et de la construction résidentielle, institutionnelle et commerciale.



Les différents syndicats n'ont pas réussi à s'entendre avec la partie patronale. Ils demandent à leurs membres de respecter l'ordre de grève et de ne pas se présenter au travail, lundi matin. Au total, environ 175 000 travailleurs devraient débrayer.

«C'est une journée assez triste», a déclaré Yves Ouellet, le porte-parole de l'Alliance syndicale de l'industrie de la construction, dimanche après-midi, en faisant l'annonce qu'une grève illimitée serait déclenchée dès minuit lundi.

Au cours d'un point de presse tenu devant des bureaux du ministère du Travail, où ont eu lieu les négociations, M. Ouellet, a indiqué que les parties étaient à couteaux tirés, entre autres, au sujet des augmentations de salaires. Dans leur dernière offre, les syndiqués demandaient une hausse de 3 pour cent la première année, alors que le patronat offrait 1 pour cent, a-t-il affirmé.

Les discussions achoppent également sur la question de la mobilité de la main-d'oeuvre.

«Nous avions déjà déclaré que les offres reçues de la part du patronat représentaient un manque total de respect envers les travailleurs, ne reflétaient pas la qualité de notre industrie, pas plus que celle de nos travailleurs», a lancé M. Ouellet.

Selon lui, il était également impossible, pour les travailleurs, d'accepter un recul de 20 ans au chapitre des conditions de travail.



Aux dires de M. Ouellet, la balle est désormais dans le camp de la partie patronale. Il rejette sur elle l'odieux de l'arrêt de travail et des coûts qui en découleront.

«On espère que la partie patronale fera acte de sagesse et nous fera une offre à la hauteur des talents et compétences de nos travailleurs», a-t-il dit, avant d'ajouter que «les travailleurs québécois de la construction sont parmi les meilleurs du monde.»

M. Ouellet affirme par ailleurs que le syndicat a réduit ses demandes tout au long du processus de négociations, ramenant entre autres de 3,7 à 3 pour cent l'augmentation de salaire demandée pour la première année dans un certain secteur de la construction.

Les syndiqués ne semblent pas non plus craindre une intervention musclée de la ministre du Travail, Agnès Maltais, à l'image de la ministre fédérale des Ressources humaines, Lisa Raitt, qui a eu recours à des lois spéciales pour casser des conflits de travail au cours des dernières années.

«Le droit de grève est un droit acquis», a répété M. Ouellet, rappelant que la ministre Maltais avait précédemment demandé aux parties de poursuivre les négociations.

Talonné à propos des répercussions probables de la grève, le porte-parole n'a pas voulu s'appesantir sur des spécificités, se contentant d'affirmer que «tous les travaux effectués à l'extérieur de résidences privées» seraient affectés.

Dans un communiqué transmis en début de soirée, dimanche, l'Association de la construction du Québec (ACQ) affirme ne pas avoir «ménagé les efforts pour arriver à un règlement».

Déplorant la «campagne de désinformation» menée par les syndicats auprès des travailleurs, l'association indique s'être retirée de la table des négociations samedi, vers midi, après avoir répondu favorablement à une demande syndicale pour effectuer un «blitz» de discussions.



L'ACQ se dit par ailleurs «disponible pour négocier» et en arriver à un «règlement raisonnable», tout en reconnaissant le caractère légal du débrayage.

- Avec La Presse Canadienne

Textes complets dans La Tribune de mardi.

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