Victoriaville délaisse une pièce de son patrimoine

Gaétan Forest

Mandaté par le ministère de l'Énergie, des Mines et des Ressources naturelles, Transports Québec procédera, à 13 h 30 cet après-midi, à la vente aux enchères de la maison et des bâtiments de ferme situés au 300 boulevard Industriel Est à Victoriaville, à quelques pas de la piste cyclable. Selon certains, cette vente pour déménagement ou démolition constituera une lourde perte pour le patrimoine municipal.


La construction de la demeure, qui a longtemps été connue comme étant la ferme de la famille Vachon, date de 1916. Les Vachon ont exploité leurs terres pendant de longues années avant d'être expropriés pour faire place au réservoir Beaudet, principale source d'approvisionnement en eau potable de Victoriaville.

 



L'avis d'expropriation a pris effet immédiatement pour la majeure partie du terrain, mais la famille a tout de même maintenu son droit d'habiter les lieux jusqu'à ce que la dernière résidente, Germaine Vachon, quitte sa demeure, en 2006. Elle était alors âgée de 94 ans.

Au moment du départ de Mme Vachon, le ministère, propriétaire du terrain, a indiqué que la propriété était riche en matière de patrimoine et a offert à la Ville de Victoriaville la possibilité de prendre possession des bâtiments afin de les préserver. Le conseil municipal a évalué les options qui s'offraient à lui avant d'abandonner le projet, estimant la restauration de l'ancienne ferme trop onéreuse.

«Nous avons évalué la possibilité de mettre les bâtiments à la disposition de groupes d'ornithologues ou de la Société d'histoire, mais une visite des lieux en compagnie d'architectes nous a vite fait changer d'idée. Tout est à refaire», a indiqué le directeur général de la municipalité, Nicolas Théberge.

Ce dernier fait également référence à l'accès au site qui est difficile étant donné que le boulevard Industriel compte maintenant quatre voies et que la limite de vitesse est de 70 km/h.



Colère et déception

Le neveu de la dernière résidente de la ferme, Gaétan Forest, n'en revient tout simplement pas de la décision du ministère et de la municipalité de transformer la ferme en espaces verts. Il serait prêt à prendre possession des bâtiments et à les entretenir si on le lui permettait.

«J'aimerais en hériter. Il y a quelque chose à faire avec ça c'est sûr. Ça vaut plus de 100 000 $ certain et c'est situé à un bel endroit près d'un lac. J'en ferais un chalet et je viendrais ici l'été», a affirmé celui qui habite maintenant Trois-Rivières.

Sa tante n'en revient pas qu'on s'apprête à détruire le domicile qu'elle a habité pendant plus de 60 ans. Elle a confié avoir de la difficulté à dormir à l'idée que tout va disparaître d'ici le mois de juin.

Après avoir fait quelques appels aux ministères concernés, Gaétan Forest s'est aperçu qu'il n'y pouvait rien. Il demande aux gens qui sont sensibles à la cause de klaxonner lorsqu'ils passeront devant la demeure, ce matin, lors des visites prévues entre 10 h et 11 h 30 ou au moment de l'encan.